Eco(dé)mystificateur

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dimanche, 27 avril 2014

Souveraineté, mode d’emploi

Je ne m’en suis jamais caché : j’apprécie généralement beaucoup ce qu’écrit Frédéric Lordon, qu’il s’agisse de ses livres traitant principalement d’économie (ici ou ) ou de philosophie (ici). Son dernier ouvrage intitulé « La malfaçon » et sous-titré « Monnaie européenne et souveraineté démocratique » ne déroge pas à la règle. J’y retrouve – dans ce style si particulier qui peut certes  dérouter certains mais qui, selon moi, fait honneur à la langue française – cette capacité de Lordon à mettre en mots une analyse que je partage pour l’essentiel mais que je n’exprimerai sans doute pas d’une manière aussi claire et précise. C’est un véritable manifeste politique qui nous est proposé ici dans lequel l’auteur ne s’embarrasse pas de fioritures pour, non seulement désigner les responsables de tous nos malheurs – Allemagne en tête – mais  aussi, critiquer tous ceux qui, à gauche, refusent de voir les conséquences évidentes de leurs prises de positions au nom d’une idéologie mondialiste mal digérée.

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mardi, 8 avril 2014

Trappe à liquidité

"La trappe à liquidité désigne l’impasse où se retrouvent bon nombre d’acteurs économiques lorsque, parce qu’ils sont surendettés, ils ont comme préoccupation première non d’investir ni de consommer, mais de se désendetter ; et pour cela, vendent leurs actifs, ce qui provoque une baisse tendancielle des prix, laquelle accroît le coût réel des dettes… Pendant ce temps, le taux d’intérêt court est nul, les acteurs qui ne sont pas écrasés par les dettes épargnent et attendent des lendemains meilleurs, conscients du fait que le placement de l’argent à taux nul ne rapporte plus rien et que les prix, demain, ne seront pas plus élevés qu’aujourd’hui, voire risquent de baisser (…). La trappe à liquidité, c’est cette situation paradoxale où les acteurs économiques cessent d’exercer le pouvoir libératoire de la monnaie supplémentaire dont ils disposent. La banque centrale peut bien jeter des tombereaux de liquidités monétaires depuis un hélicoptère : tout se passe comme si les acteurs empruntaient cette monnaie à taux réel nul (sans coût, donc) et la restituaient à la banque centrale (via le secteur bancaire privé) sans l’avoir utilisée pour effectuer la moindre transaction, le moindre investissement."

Extrait de « Illusion financière » par Gaël Giraud 

lundi, 6 janvier 2014

Qu’est ce que la monnaie ?

Dans l’avant propos de "La monnaie entre violence et confiance", Michel Aglietta et André Orléan précisent clairement le but louable de leur ouvrage qui est de « nourrir le débat monétaire en montrant que ses enjeux excèdent de loin la seule sphère des spécialistes ». Tout au long des 350 pages du livre, ils s’efforcent de montrer en quoi « la monnaie n’est pas seulement, ni même principalement, un bien économique. C’est une expression de la communauté dans son ensemble. Pour cette raison, il n’y a de monnaie légitime qu’adossée à une souveraineté. » Avant de rentrer dans le vif du sujet, signalons que, malgré la volonté affichée des auteurs de « proposer une analyse accessible aux non-spécialistes », une fois n’est pas coutume, je vais être d’accord avec Alternatives Economiques et Denis Clerc pour dire que ce livre fondamental n’est pas forcément accessible sans un minimum de notions sur le sujet.

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lundi, 30 décembre 2013

Troc


Définition selon David Graeber dans "Dette : 5000 ans d’histoire" :


« sous-produit accidentel de l’usage des pièces de monnaie ou du papier-monnaie. Historiquement, c’est essentiellement ce que font les gens habitués à utiliser les pièces de monnaie quand, pour une raison quelconque, ils n’en ont pas »

Cela est tout à fait cohérent avec ce que nous avions vu  avec l’exemple de la Russie dans "Le troc, une réponse possible à la crise ?" où le troc était défini comme une transaction monétaire sans monnaie.

On peut aussi reprendre ce qu’en dit Jean-Baptiste Bersac dans "Devises – L’irrésistible émergence de la monnaie" :

« La différence entre la monnaie et le troc, est que la monnaie est un bien très particulier, extrêmement abstrait, et totalement différent des biens troqués usuels : la monnaie est un bien qui veut que son prix soit toujours strictement égal à lui-même »

dimanche, 22 décembre 2013

Méfiez-vous des idiots inutiles

Quels sont les points communs entre les blogueurs Jean-Pierre Chevallier, business économiste monétariste béhavioriste, et Paul Jorion, chercheur en sciences sociales, de nationalité belge? Ils se prétendent tous les deux économistes, ils sont tous les deux persuadés d’être les seuls à  détenir la vérité – le reste du monde étant incapables de comprendre ce que, dans leur grande bonté, ils s’évertuent pourtant à lui expliquer –, ils n'acceptent pas les critiques et ce sont tous les deux, des charlatans ils se trompent tous les deux dans les grandes largeurs.

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samedi, 21 décembre 2013

Disponible, enfin !!!

Je crois que c’est la première fois que je vais parler d’un livre avant de l’avoir lu. Mais il s’agit DU LIVRE !
« La monnaie entre violence et confiance » d’Aglietta et Orléan est LA référence en matière d’ouvrage sur la monnaie, auquel renvoient des gens comme Lordon ou Graeber. Sorti en 2002, il a été introuvable pendant plusieurs années. J’avais parlé sur ce blog de mes difficultés à mettre la main dessus dès octobre 2009. J’avais d’ailleurs eu l’occasion de signaler le problème à André Orléan lui-même qui avait relancé l’éditeur en octobre 2010, indiquant qu’un seul exemplaire d’occasion était disponible à l’époque sur un site de vente en ligne au prix de 94 euros ! Et c’est tout à fait par hasard que je viens de m’apercevoir qu’il avait été réédité  l’année dernière. Et personne ne m’a rien dit !!!
Plus de temps à perdre. Je me dépêche de le lire et j’en reparle, non sans vous proposer une petite citation tirée de l’ouvrage : « En raison de l’accent mis sur la confiance et la dimension institutionnelle, notre conception (…) appartient à ce qu’il est convenu d’appeler "l’approche chartaliste" (…). Elle s’oppose à l’approche métalliste (…)"

lundi, 16 décembre 2013

Le livre qu’il faut lire pour comprendre le néochartalisme ... et le reste

Nous avons tous, à défaut d’en avoir vu, entendu parler des OVNI. J’ai récemment découvert un OVNA, un Ouvrage Vraiment Non Académique. Il s’agit de "Devises – L’irrésistible émergence de la monnaie" de Jean-Baptiste Bersac, le (très) jeune tenancier du blog Frapper monnaie. Tant dans la forme que dans le fond, ce livre sort de l’ordinaire. Précisons tout de suite que, malgré les efforts louables de l’auteur pour faire preuve de pédagogie, il s’adresse principalement à ceux qui ont déjà quelques notions concernant le fonctionnement de la monnaie. Mais cela est inévitable : comprendre la monnaie demande, en effet, un effort individuel pour acquérir les bases, que personne ne peut faire à votre place. Passons ensuite rapidement sur la forme, que les puristes de la langue française pourraient considérer comme parfois … aléatoire, pour nous concentrer sur ce qui fait tout l’intérêt du livre – écrit en un temps record –, le fond. Et il est remarquable.   

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lundi, 2 décembre 2013

Lettre ouverte à Bechir Ben Yahmed, Directeur et Rédacteur en chef de La Revue

Cher Monsieur Ben Yahmed,

Je voulais vous faire part de ma consternation à la lecture de votre éditorial (voir en annexe) paru dans le numéro 38 de La Revue. Elle est à la hauteur de l’enthousiasme que j’ai ressenti en découvrant récemment votre mensuel qui me paraissait différent de tout ce que l’on pouvait lire par ailleurs. Sous prétexte de « l’urgence d’agir », vous tombez dans les pires travers de tous ces éditorialistes de cour qui, au nom des "nécessaires réformes" – concept ressassé jusqu’à l’écœurement par toute l’élite des biens pensants, comme une vérité révélée qu’il ne serait pas nécessaire ni d’expliquer ni de justifier –, nous promettent du sang et des larmes comme seul horizon à terme. Votre analyse qui repose sur « l'examen des chiffres de l'économie » par les « observateurs les plus avisés » (sic), au-delà du fait qu’elle ressemble à s’y méprendre à un argument d’autorité, prêterait à rire si la situation n’était pas si tragique. Il existe d’autres solutions que « convaincre les Français de la nécessite de vraies et douloureuses réformes » ou que « renoncer, fût-ce partiellement et pour un temps, aux avantages acquis ». Il faut pour cela reprendre le contrôle de notre destinée et notamment de notre monnaie. Mais il y a un préalable incontournable : comprendre comment fonctionne réellement notre système monétaire basé sur le crédit.

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lundi, 18 novembre 2013

Une histoire de la monnaie par David Graeber

« Dette : 5000 ans d’histoire » de David Graeber fait partie de ces livres qu’il faut avoir lu lorsque l’on s’intéresse au fonctionnement des sociétés humaines et au rôle de la monnaie. C’est un ouvrage étonnant, dérangeant, détonnant donc, car il remet en cause une grande partie de nos croyances et de nos conceptions de base en économie, qu’elles soient ortho ou hétérodoxes. Pour cela, l’auteur, docteur en anthropologie et économiste, utilise non pas des démonstrations plus ou moins compliquées et abstraites, mais les faits historiques tels que l’on peut les appréhender à travers les divers témoignages laissés par l’humanité depuis 5000 ans.

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vendredi, 15 novembre 2013

Quand Olivier Berruyer se Jorionise

C’est un phénomène étonnant. A partir du moment où ils acquièrent un certain niveau de notoriété, les blogs traitant d’économie (les seuls que je fréquente régulièrement) ne tolèrent plus aucune critique ou opinion contradictoire. Ils en arrivent à censurer les commentaires de manière intensive, prétextant une nécessaire "modération" afin d’éviter on ne sait trop quoi en définitive, puisque les prétextes vont du hors sujet, à l’injure (dire de quelqu’un que c’est « un grand bavard devant l’éternel » étant même considéré comme diffamatoire par certains !) en passant par "je fais ce que je veux sur mon blog" ou "ce n’est pas un forum". C’est ainsi que Jorion a fini par carrément interdire les commentaires et … vendre des T-shirts !!!. Il semble que Berruyer suive la même mauvaise pente.

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