Quand Olivier Berruyer se Jorionise
Par RST le vendredi, 15 novembre 2013, 19:53 - Polémique - Lien permanent
C’est
un phénomène étonnant. A partir du moment où ils acquièrent un certain niveau
de notoriété, les blogs traitant d’économie (les seuls que je fréquente
régulièrement) ne tolèrent plus aucune critique ou opinion contradictoire. Ils
en arrivent à censurer les commentaires de manière intensive, prétextant une
nécessaire "modération" afin d’éviter on ne sait trop quoi en
définitive, puisque les prétextes vont du hors sujet, à l’injure (dire de
quelqu’un que c’est « un grand bavard devant l’éternel » étant même
considéré comme diffamatoire par certains !) en passant par "je fais ce que je veux sur mon blog"
ou "ce n’est pas un forum".
C’est ainsi que Jorion a fini par carrément interdire les commentaires et … vendre des T-shirts !!!.
Il semble que Berruyer suive la même mauvaise pente.
Il a récemment refusé de publier un
commentaire pourtant fort courtois du jeune néo-chartaliste Jean-Baptiste Bersac que je reproduis
ci-après dans son intégralité, sans les injures :
Là est probablement le meilleur article d’Olivier Berruyer sur la théorie monétaire. Il y apparait déjà très clairement que le crédit privé est essentiellement inapte à financer l’économie : abondant, il mine la confiance par une bulle de risque ; se raréfiant, il est incapable de restaurer la confiance donc la croissance dont sa mise en place dépendait.
Notons que le Nobel Paul Krugman aussi révise, lentement mais sûrement, ses conceptions du financement de l’économie. Dans sa dernière chronique, il a officiellement cessé de croire que les Chinois, plutôt que la Fed, financent la dette publique américaine, ou même influe les taux d’intérêts sur celles-ci http://neweconomicperspectives.org/2013/11/china-dumps-us-treasury-bonds-paul-krugman-inches-toward-mmt.html
Notons aussi que le néochartalisme explique que l’économie est d’abord et avant tout financé par le déficit public, comme les années 1930 l’avaient prouvé pour qui veut bien voir, et ensuite que la banque centrale module le crédit que le privé désire faire par-dessus, mais c’est tout.
Cf. Les Bases pour tout éclaircir depuis le début http://frappermonnaie.wordpress.com/les-bases/
Cf. notamment ce billet concernant les années 1930 prouvant que c’est bien le déficit public, la clé, et non les taux directeurs ou la politique monétaire : http://frappermonnaie.wordpress.com/2012/11/03/le-deficit-public-et-non-la-guerre-mit-fin-a-la-grande-depression/La grande dépression des années 1930 et le chartalisme (Keynes le premier) mirent fin au mythe de la monnaie-or, la crise actuelle et le néochartalisme mettront fin au mythe de la monnaie-dette.
Et tout le monde s’en portera mieux. :D
Amicalement,
Jean-Baptiste Bersac
Ce commentaire, venant après un
article sur les taux d’intérêt, n’a, comme on peut en juger, vraiment rien
de scandaleux si ce n’est qu’il défend une théorie que visiblement, notre barbu
belge actuaire préféré, ne partage pas et que donc, il censure. C’est
vraiment dommage car, à la différence de Jorion, qui n’a rien compris au
fonctionnement de la monnaie, Olivier Berruyer faisait jusqu’à présent preuve
de bon sens. Ses livres sont remarquables et on aurait aimé connaître son avis
sur le chartalisme. Je ne sais pas si la célébrité lui est montée à la tête ou
si il est persuadé de détenir La Vérité mais ce que je sais, c’est que la
liberté d’expression est une liberté fondamentale qui ne peut souffrir aucune
entrave. Tous ces gens qui prétendent connaitre la recette miracle pour un
monde meilleur et dont l’une des priorités immédiates est d’interdire toute
opinion contraire ne valent en définitive pas mieux que ceux qu’ils prétendent
combattre.