Financement de l’Etat : quand Alternatives Economiques fait l’apologie de la finance de marchés mondialisée.
Par RST le samedi, 18 décembre 2010, 19:07 - Macroéconomie - Lien permanent
C’est avec beaucoup d’intérêt que
je m’apprêtais à lire le hors série de décembre d’Alternatives Economiques
consacré aux marchés financiers. J’ai très rapidement été refroidit dans mon
enthousiasme à la lecture de l’éditorial de Christian Chavagneux qui se conclut
en ces termes « A tous les
pessimistes, les éternels insatisfaits, les contestataires professionnels et la
foule des commentateurs qui tirent gloriole à dénoncer les "G vains",
il faut rappeler que la finance ne se change pas d'un claquement de doigts. (…)
La régulation financière est un combat. Il est difficile, permanent et loin
d'être gagné. Mais il doit être mené. » J’avais déjà eu l’occasion de
remarquer que Chavagneux n’était pas vraiment ce que l’on peut appeler un
révolutionnaire mais je n’étais pas allé jusqu’à prendre conscience que lui et
son journal n’étaient pas plus alternatifs que révolutionnaires et qu’ils
étaient en fait prisonniers – sinon complices – de la pensée dominante et de fait,
incapables d’envisager une remise en cause réelle du système financier et de
son fonctionnement, en supposant qu’ils en aient jamais eu la volonté. La suite
de ma lecture m’a hélas ramené à cette triste réalité qui, je l’avoue
humblement, m’avait largement échappé.
Inconscient du traumatisme que je m’apprêtais à vivre, je me suis rendu directement à la page 38 pour lire la Fiche 2 de la section "Comprendre" et intitulée "Quand les Etats s’endettent" publiée par Sandra Moatti. Et quelle ne fut pas ma stupéfaction de constater que, non seulement il n’était à aucun moment fait état du fonctionnement du système monétaire actuel permettant aux banques commerciales de fournir – et donc de faire payer – à l’Etat des ressources monétaires que, dans certaines circonstances, il pourrait créer lui-même gratuitement, mais qu’en plus l’auteur de l’article faisait tout simplement dans un même élan, l’apologie de la "modernisation" et du "décloisonnement" des marchés, de la disparition du contrôle des changes, de l’adoption de l’euro et de l’intégration financière internationale. Toutes ces choses plus merveilleuses les unes que les autres l’amenant à se réjouir de constater que "Cette évolution orchestrée par l’Etat aura permis de limiter le coût de la dette"
Voila un discours que ne renierait le plus orthodoxe des libéraux mais que je n’attendais pas à voir tenu par Alternatives Economiques. Heureusement, la presse officielle, même supposée alternative, n’est plus la seule source d’information disponible. Pour me remonter le moral, (sic) je suis allé relire l’excellent article sur le sujet de mon ami Yann, "Le crime silencieux de la dette publique". Je ne peux qu’en conseiller la lecture à Sandra Moatti, de même que je ne peux que lui recommander de lire les livres de l’excellent André-Jacques Holbecq – qui explique clairement le fait que le premier poste du budget de l’Etats soit le remboursement des intérêts de la dette est très directement lié au système actuel – ou encore d’étudier avec attention les propositions de C.Gomez ou celles de G.Galand et A.Grandjean pour financer l’Etat sans augmenter les déficits et accessoirement, réduire la dette.
En ce qui me concerne, je ne lirai plus Alternatives Economiques qui vient donc de perdre un abonné !