"La trappe à liquidité désigne l’impasse où se retrouvent bon nombre d’acteurs économiques lorsque, parce qu’ils sont surendettés, ils ont comme préoccupation première non d’investir ni de consommer, mais de se désendetter ; et pour cela, vendent leurs actifs, ce qui provoque une baisse tendancielle des prix, laquelle accroît le coût réel des dettes… Pendant ce temps, le taux d’intérêt court est nul, les acteurs qui ne sont pas écrasés par les dettes épargnent et attendent des lendemains meilleurs, conscients du fait que le placement de l’argent à taux nul ne rapporte plus rien et que les prix, demain, ne seront pas plus élevés qu’aujourd’hui, voire risquent de baisser (…). La trappe à liquidité, c’est cette situation paradoxale où les acteurs économiques cessent d’exercer le pouvoir libératoire de la monnaie supplémentaire dont ils disposent. La banque centrale peut bien jeter des tombereaux de liquidités monétaires depuis un hélicoptère : tout se passe comme si les acteurs empruntaient cette monnaie à taux réel nul (sans coût, donc) et la restituaient à la banque centrale (via le secteur bancaire privé) sans l’avoir utilisée pour effectuer la moindre transaction, le moindre investissement."

Extrait de « Illusion financière » par Gaël Giraud