Lettre ouverte à Bechir Ben Yahmed, Directeur et Rédacteur en chef de La Revue
Par RST le lundi, 2 décembre 2013, 19:07 - Polémique - Lien permanent
Cher Monsieur Ben Yahmed,
Je voulais vous faire part de ma consternation à la lecture de votre éditorial (voir en annexe) paru dans le numéro 38 de La Revue. Elle est à la hauteur de l’enthousiasme que j’ai ressenti en découvrant récemment votre mensuel qui me paraissait différent de tout ce que l’on pouvait lire par ailleurs. Sous prétexte de « l’urgence d’agir », vous tombez dans les pires travers de tous ces éditorialistes de cour qui, au nom des "nécessaires réformes" – concept ressassé jusqu’à l’écœurement par toute l’élite des biens pensants, comme une vérité révélée qu’il ne serait pas nécessaire ni d’expliquer ni de justifier –, nous promettent du sang et des larmes comme seul horizon à terme. Votre analyse qui repose sur « l'examen des chiffres de l'économie » par les « observateurs les plus avisés » (sic), au-delà du fait qu’elle ressemble à s’y méprendre à un argument d’autorité, prêterait à rire si la situation n’était pas si tragique. Il existe d’autres solutions que « convaincre les Français de la nécessite de vraies et douloureuses réformes » ou que « renoncer, fût-ce partiellement et pour un temps, aux avantages acquis ». Il faut pour cela reprendre le contrôle de notre destinée et notamment de notre monnaie. Mais il y a un préalable incontournable : comprendre comment fonctionne réellement notre système monétaire basé sur le crédit.
Je n’ai pas la prétention de vous infliger ici un cours d’économie monétaire – je ne suis pas particulièrement qualifié pour ça – mais de vous proposer des pistes de réflexion. Prenons par exemple votre affirmation selon laquelle « la dérive des comptes de la France est à la limite du supportable » ou encore celle qui veut que « l'endettement se rapproche dangereusement de100% du PIB ». On aurait aimé savoir plus en détail en quoi cela est-il dangereux. Car en réalité cela ne l’est pas nécessairement, et si l’on veut bien s’affranchir des dogmes en vigueur on peut même considérer que, moyennant certaines conditions, la dette publique constitue une richesse financière pour le secteur privé. Etonnant, non ? Je ne m’étendrai pas plus sur la façon dont pourrait fonctionner notre système monétaire. Je tiens à votre disposition les références de tous les économistes qui, à l’instar de Knapp, de Keynes et de Kalecki pour les plus célèbres, ou dans un autre registre, Joseph Tchundjang Pouemi, l’ont longuement expliqué. On trouve sur le Net de nombreux sites et blogs très bien faits qui traient de ces problématiques. Je peux, là aussi, vous en indiquer quelques-uns si vous le souhaitez. Mais je ne peux rien faire si vous n’êtes pas convaincu que les solutions à nos problèmes ne peuvent être trouvées par ceux-là même qui les ont créés.
Alors oui, des réformes profondes sont nécessaires et certains perdront effectivement leurs avantages acquis. Mais cela concernera une minorité de nos concitoyens, les plus riches, ceux qui actuellement se comportent en véritable parasites et se "gavent sur la bête" en profitant d’un système bancaire et financier qui marche sur la tête et qui a réussi à privatiser ce bien commun qu’est la monnaie. Et non, Hollande, pas plus que ceux qui l’ont précédé ne peut rien faire, en supposant qu’il en ait la volonté. Le salut viendra de gens nouveaux qui auront compris que les solutions existent et qui auront la force, le courage et la capacité de les mettre en œuvre. Je sais : ce n’est pas gagné !
CordialementRST