La
proposition d’Eric Cantona visant à déclencher un "bankrun" ne
laisse visiblement personne indifférent. Dans le
dernier article paru sur son blog, Nicolas Dupont-Aignan renvoie la
hautaine et méprisante Christine Lagarde dans ses vingt-deux mètres et
s’interroge sur la pertinence des déclarations du footballeur en faisant
justement remarquer que Cantona nous rappelle en fait que nous avons les moyens, si nous le voulons,
de changer le système. Le problème, c’est que les propositions présentées par
NDA dans ce dernier texte me paraissent bien insuffisantes compte tenu de
l’ampleur des problèmes. En ne se positionnant pas de manière claire et forte
pour des mesures radicales, il laisse le champ libre à Marine Le Pen dont les
récentes déclarations sont autrement plus séduisantes que les timides
revendications du patron de Debout la République.
J’ai donc assisté au Colloque
d’économistes atterrés organisé le 9 octobre par les auteurs du très
intéressant manifeste
éponyme. Et j’avoue que j’en suis ressorti … atterré ! Au-delà des
explications sur la crise – relativement connues maintenant –, des critiques
justifiées du système et de l’appel à envisager de nouveaux paradigmes, les
solutions proposées tournaient toutes autour du même slogan, que je résume de
manière un peu caricaturale, mais qui rend bien compte de ma frustration :
l’Europe économique ne fonctionne pas, il faut donc plus d’Europe !
Après notamment Laurent
et Malakine
qui ont chacun brillamment rendu compte des Universités de rentrée de Debout la
République, je reviens à mon tour sur l’événement auquel j’ai partiellement assisté.
Contrairement à la
journaliste de Marianne 2, qui a vu des adhérents nombreux mais âgés – ce
qui a pu effectivement être le cas par le passé, mais pas ce Dimanche – j’ai
assisté à une table ronde tout à fait intéressante au milieu d’une assistance clairement
rajeunie, ce qui est vraiment encourageant.
Je me contenterai ici de rapporter quelques idées glanées au fil des
interventions et qui m’ont paru intéressantes.
Dans un texte remarquable publié
sur son blog (et que je reproduis ci-après), Nicolas Dupont-Aignan dénonce la
gestion irresponsable de la grave crise que nous traversons et qui, rappelons
le, s’est déclenchée il y a bientôt trois ans maintenant, se matérialisant
actuellement à travers les difficultés rencontrées par la Grèce. Toutes les
dimensions – historique, économique et politique – du problème sont abordées
pour établir un constat lucide et sans concessions : les représentants
élus du peuple français, toute tendances confondues, par incompétence ou par
intérêt, ont définitivement cédé face au lobby bancaire.
S’il y a bien un domaine
mystérieux qui s’offre à l’exploration de l’économiste amateur, c’est celui des
taux de change. Que n’entend on pas dire à ce sujet tous les jours, soit pour
reprocher à certaines monnaies d’être sous-évaluées et à d’autres d’être
surévaluées, ou encore pour accuser
la BCE de ne pas faire correctement son travail. Comme l’écrit l’économiste
Dominique Plihon : "Rarement variable économique n’a eu une
telle valeur symbolique et n’a autant attiré l’attention". Le problème
devient d’autant plus crucial aujourd’hui, que beaucoup nous prédisent le pire
avec un euro qui s’apprécie trop vis-à-vis du dollar, du yuan ou de la livre
sterling. Mais pourquoi une monnaie forte est-elle apparemment un
handicap ? Est-ce toujours le cas ? Intuitivement, on pourrait d’ailleurs
raisonnablement être amené à croire que ce pourrait être un avantage. Que
peut-on, en théorie, faire pour influencer les taux de change ? Quels sont les
moyens d’action ? C’est ce que nous allons essayer de voir en nous
appuyant largement sur le livre de D.Plihon intitulé … « Les
taux de change ».
Plusieurs pistes ont été
envisagées lors du colloque de la Fondation Res Publica dont j’ai déjà parlé
dans un billet précédent, pour mettre en place un système monétaire
international plus stable et équilibré que celui que nous connaissons
actuellement. La question du pouvoir et des équilibres au sein du FMI (Fonds
Monétaire International), ainsi que le renforcement éventuel de son rôle ont
été envisagés par la plupart des intervenants.
Selon Upstream,
citant le journal anglais The Independant, les pays du Golf associés à la Chine,
la Russie, le Japon et la Franceont
entamé des négociations secrètes pour mettre fin aux paiements du pétrole en
dollars et utiliser à la placeun panier
de devises incluant le Yen Japonais,le Yuan Chinois, l’Euro, l’or et une
nouvelle monnaie commune aux pays du Golf. Le gouverneur de la Banque Centrale
d’Arabie Saoudite a aussitôt vigoureusement démenti, suivi par de nombreux
responsables des pays concernés. On peutdonc légitimement considérer que des discussions ont bien eu lieu, et
ont d’ailleurs peut-être encore lieu.
Sur "Le monde.fr" daté
du 1er juin, Philippe Simonnot s’interroge avec
raison: « Il y a quelque chose de
tellement pourri au "royaume" de l'euro que l'on se demande par
quelle aberration l'Europe s'est engagée dans la voie à sens unique de la monnaie
unique. Peut-être y a-t-il une ruse de l'histoire dans ce cheminement
calamiteux. Mais alors, quelle pourrait être la raison cachée de l'euro ? ».
Il passe ensuite en revue un certain nombre de problèmes connus et propose une
solution : le rétablissement de l’étalon-or qui, associé à l’
"avantage acquis" de l’euro – c’est à dire son indépendance du
pouvoir politique – devrait permettre, selon lui, de « mettre fin au vice du système monétaire
international ». Une fois de plus, nous sommes confrontés à ce qui
semble être une constante chez les partisans de l’étalon-or, la fameuse "relique
barbare", à savoir l’absence totale d’explications convaincantes
permettant de justifier le passage de l’identification du problème (le
fonctionnement de la monnaie) à la
solution (le passage à l’étalon-or).
J’ai donc assisté au colloque sur la monnaie
organisé le 10 juin dernier au Centre parisien de l’université de Chicago. Les
débats ont été rendus passionnants grâce à des orateurs brillants comme Patrick
Artus, Christian Saint-Etienne, Edouard Husson ou Philippe Raphaël pour ne
citer que ceux qui, en toute subjectivité, m’ont le plus intéressé.
Quoiqu’onpuisse penser en définitive de
leurs théories, ils les ont, pour la plupart, défendues avec talent. Comme à mon
habitude, je n’ai pas nécessairement tout compris, surtout quand le propos
devenait trop technique, mais j’ai beaucoup appris. Etnotamment que, contrairement à ce que l’on
pourrait croire en lisant par exemple le dernier ouvrage de Norman Palma, lui
aussi présent au colloque, la fin du dollar, ce n’est pas pour tout de suite,
en supposant qu’elle n’ait jamais lieu.