J’ai déjà eu l’occasion de parler
du colloque organisé par l’IRIS sur le thème du système financier
international. Après avoir fait part de mes démêlés avec de dignes
représentants de ce qu’Olivier Berruyer a récemment appelé sur son blog, la
cacocratie,je voudrais revenir sur
les interventions de ceux qui m’ont paru avoir quelque chose de pertinent à
dire. Et je commencerai avec Kemal Dervis qui fut notamment ministre de
l’Economie de Turquie.
Etrange journée en vérité que cette journée
consacrée à la monnaie, proposée par les Economistes Atterrés. Je ne m’attendais
pas nécessairement au pire – mais on l’a eu – et j’espérais le meilleur, qui
n’a été en définitive qu’entraperçu. Le pire donc, fut incarné par Henri Sterdyniak
dont les bouffonneries ont engendré quelques sourires mais dont l’attitudegénérale fut, selon moi, indigne des espérances que l’on pouvait
légitimement tirer de la présence simultanée dans un même lieu de tant
d’esprits éclairés. Le Directeur du Département économie de la mondialisation
de l'OFCE a clairement abusé de son rôle de maitre de cérémonie pour
ridiculiser d’entrée de jeu, toutes les thèses qui n’étaient pas en accord avec
ce qu’il estime être la vérité en
économie. Haro donc sur les malheureux qui auront osé présenter des papiers
défendant des "absurdités" reposant par exemple sur la théorie circuitiste ou le 100 % money.
Le
suspens aura été de courte durée. On connait enfin le nom du prochain sauveur
du monde qui va remplacer DSK à la tête du FMI : c’est Paul Jorion. Après
avoir récemment laissé entendre sur son blog, qu’il était à l’origine du programme
du PS et de la proposition de F.Baroin de prime pour les salariés, le voila qui
prétend maintenant qu’il inspire les travauxdu FMI et que même si "le
monde n’est pas en train de changer à toute allure", "son blog et ses écrits de manière général
(…) il a l’impression que ça marche", "ça a un impact".
Certaines idées commencent
visiblement à faire leur chemin et l’on ne peut que s’en réjouir, même si cela
ne va pas aussi vite que l’on pourrait le souhaiter. Ainsi, après Nicolas
Dupont-Aignan qui fut le premier élu de la République à poser la question du
fonctionnement du système bancaire et de la création monétaire, voila que
Nicolas Hulot et sa fondation s’emparent à leur tour du sujet et se proposent
de réfléchir sur la manière de financer l’avenir, sans creuser la dette et,
rajouterai-je, sans enrichir les marchés aux dépends de la collectivité
nationale.
J’ai donc assisté au Colloque
d’économistes atterrés organisé le 9 octobre par les auteurs du très
intéressant manifeste
éponyme. Et j’avoue que j’en suis ressorti … atterré ! Au-delà des
explications sur la crise – relativement connues maintenant –, des critiques
justifiées du système et de l’appel à envisager de nouveaux paradigmes, les
solutions proposées tournaient toutes autour du même slogan, que je résume de
manière un peu caricaturale, mais qui rend bien compte de ma frustration :
l’Europe économique ne fonctionne pas, il faut donc plus d’Europe !
Je me suis posé pendant très
longtemps la question de savoir pourquoi, l’association altermondialiste ATTAC
n’avait pas fait de la monnaie un de ses thèmes de prédilection. Son objectif
principal étant l’éducation populaire notamment en économie, il m’aurait paru
naturel qu’elle s’empare d’un sujet d’une telle importance. Et pourtant, en
dehors d’initiatives locales, la monnaie et plus particulièrement la création
monétaire, n’ont jamais été considérés comme des sujets méritant d’être traités
de façon systématique et de devenir l’un des thèmes majeurs sur lesquels
l’association pouvait faire campagne. J’en restais donc tout à fait surpris
jusqu’à que ce que, très récemment, je trouve enfin une explication plausible à
cette situation paradoxale.
S’il y a bien un domaine
mystérieux qui s’offre à l’exploration de l’économiste amateur, c’est celui des
taux de change. Que n’entend on pas dire à ce sujet tous les jours, soit pour
reprocher à certaines monnaies d’être sous-évaluées et à d’autres d’être
surévaluées, ou encore pour accuser
la BCE de ne pas faire correctement son travail. Comme l’écrit l’économiste
Dominique Plihon : "Rarement variable économique n’a eu une
telle valeur symbolique et n’a autant attiré l’attention". Le problème
devient d’autant plus crucial aujourd’hui, que beaucoup nous prédisent le pire
avec un euro qui s’apprécie trop vis-à-vis du dollar, du yuan ou de la livre
sterling. Mais pourquoi une monnaie forte est-elle apparemment un
handicap ? Est-ce toujours le cas ? Intuitivement, on pourrait d’ailleurs
raisonnablement être amené à croire que ce pourrait être un avantage. Que
peut-on, en théorie, faire pour influencer les taux de change ? Quels sont les
moyens d’action ? C’est ce que nous allons essayer de voir en nous
appuyant largement sur le livre de D.Plihon intitulé … « Les
taux de change ».
Lorsque j’ai entamé mon
initiation aux douces subtilités de l’Economie, l’une des premières tâches à
laquelle je me suis attelé, fut d’essayer de fixer définitivement dans mon
esprit quelques ordres de grandeur significatifs pour les variables
macroéconomiques le plus souvent utilisées telles que le PIB, le budget de
l’Etat ou le déficit public, pour ne citer que les principales. C’est ainsi que
j’ai été amené tout naturellement à m’intéresser à la dette de la France et à
réaliser, à ma grande surprise, que les économistes n’avaient visiblement pas
toujours les idées claires sur ce sujet, spécialement quand il s’agit d’essayer
de répondre à la question : à qui profite le "crime"?
A
partir de l’analyse critique du contenu et du fonctionnement du blog d’ éconoclaste, je me
propose de montrer que si, comme beaucoup le font (ici
sur Marianne2 et là
sur Alternatives Economiques), on le considère comme une référence en matière
de blog économique francophone, on comprend mieux pourquoi on pourra, pendant
longtemps encore, reprocher aux français leur manque de culture dans ce domaine.
P.Jorion a acquis une certaine
notoriété pour avoir été, semble-t-il, l’un des premiers à prédire la crise des
subprimes. Son blogconnaît un succès mérité et ses articles sont
repris régulièrement par certains sites agrégateurs et dans les médias. On
s’attend donc à voir en l’homme, qui n’est pas économiste de formation (ce qui
est plutôt encourageant), une sorte d’expert apportant au commun des mortels
des éclaircissements sur le fonctionnement de la finance, dans un langage
adapté à ses interlocuteurs. C’est ce qu’il fait … en partie. En partie
seulement car, et c’est le premier volet du mystère Jorion, le débat sur la
monnaie qu’il a initié a très vite dégénéré, P.Jorion niant sans aucun argument
convainquant un fait communément admis à savoir que les banques commerciales ont
le pouvoir de créer de la monnaie.