C’est en tous les cas, la thèse défendue de façon très convaincante par Patrick Artus et validée par Philippe Raphaël… ou l’inverse, je ne me rappelle plus vraiment. Un des premier argument présenté fut de remarquer que le dollar est en réalité une monnaie moins faible (ou plus forte, c’est comme on veut) que ce qu’il n’y parait. Plusieurs éléments ont été avancés à ce sujet. En premier lieu, il bénéficie d’une certaine inertie structurelle puisque les habitudes de la communauté financière changent lentement. A ce sujet, il a été rappelé que les flux commerciaux  restaient libellés en dollar. Ensuite, c’est une monnaie de pleine souveraineté, adossée à une politique commerciale (contrairement à l’euro). De plus, pour Philippe Raphaël, le potentiel de croissance aux USA reste supérieur à celui de l’Europe par exemple, la productivité y est meilleure et la reprise viendra plus tôt et sera plus forte là bas. Je n’ai pas les compétences pour juger de la pertinence de ces derniers éléments macroéconomiques mais je n’ai pas relevé d’opposition prononcée dans l’assistance et j’ai donc considéré qu’il y avait un certain consensus sur le sujet, au moins dans la salle. Je sais que ce point de vue n’est pas nécessairement partagé par tout le monde et qu’il n’est pas difficile de trouver des défenseurs de la thèse exactement inverse, prévoyant la fin inéluctable de l’empire américain…

Comme le signale Patrick Artus, le dollar n’est pas la monnaie de l’empire américain mais celle de la zone USA + OPEP + Chine, et cette zone émet de la "bonne monnaie". Cette création monétaire est due notamment à l’épargne des pays à forte capacité d’épargne qui transite par les banques centrales. (Il faudra que je revienne sur ce mécanisme car je ne suis pas sûr d’avoir tout à fait compris …) Ce constat, qui revient à dire, à l’instar de P.Raphaël, que le dollar est une monnaie "désaméricanisée", est d’une importance majeure. En effet, tant  que c’est la monnaie de cette zone, ce n’est pas une monnaie faible.

Vient alors l’objection attendue, celle de l’attitude de la Chine, et c’est Pierre Leconte qui s’y colle en faisant remarquer que si les prix des matières premières remontent, c’est parce que la Chine, entre autres, se débarrasse de ses dollars. Certains mentionnent aussi sa proposition récente d’utiliser les DTS ou encore les accords de Swap de devises avec l’Argentine par exemple comme indications de son désir de mettre fin au règne du dollar. Patrick Artus, qui se trouve être, par ailleurs, conseiller de la Banque Centrale de Chine, est formel : il n’y aucune volonté de la part des autorités chinoises de se diversifier, les réserves de change sont toujours massivement investies en dollars. De plus, demande-t-il, qu’est-ce que l’indépendance monétaire leur apporterait ?
Tout ce qu’ont fait les Chinois a été d’essayer de mettre la pression sur les américains, de leur envoyer un message qui disait en gros, puisque nous utilisons tous le dollar et que nous n’avons pas l’intention d’arrêter, il faut qu’il soit géré collectivement, vous ne pouvez pas décider tout seuls, vous devez être plus sérieux avec votre (notre ?) monnaie. Ces menaces sont elles crédibles, vont elles fonctionner, c’est une autre histoire. Pour C. Saint Etienne, il ne fait aucun doute que l’Amérique d’Obama, "nation messianique absolue" n’acceptera jamais d’être menacée par la Chine et n’hésitera pas à sacrifier l’Europe pour sortir de la crise, en acceptant par exemple d’avoir un taux de change euro contre dollar de 1 pour 2. Ici aussi, il faudra que j’approfondisse, car la logique des mécanismes sous-jacents n’est pas évidente pour moi.

D’autres hypothèses sur la suite que pourraient prendre les événements sont formulées au cours des débats, qui vont de la crise de panique à une formule intermédiaire dirons-nous, qui si elle ne prédit pas la fin du dollar à court terme (5 ans) l’envisage à plus long terme, notamment à cause de l’hyperinflation créée par l’émission actuelle excessive de monnaie.

En conclusion, il semblerait donc que si la fin du dollar n’est pas pour demain, rien ne dit qu’elle n’aura pas lieu après demain.