« S’il apparaît que du fait des propriétés très spéciales du crédit en
économie de marché capitaliste le secteur bancaire est le détenteur de fait des
intérêts matériels supérieurs de la communauté, et qu’il dispose des moyens
objectifs de forcer la communauté à lui accorder tout ce qu’il demande, alors
il doit être rendu à la communauté. »
On se souvient que François
Bayrou a fait du problème de la dette son cheval de bataille, notamment pendant
la campagne des présidentielles de 2007. Dans le cadre de ma croisade pour la
réforme du système monétaire, j’ai été amené récemment à laisser un commentaire
sur le blog d’un fervent supporter du Béarnais, répondant au doux sobriquet de "L’Hérétique",
et dont l’un destextes intitulé « Hausses
d’impôts inévitables » avait été repris sur Marianne 2. J’ai
essayédans mon interventiond’être le moins provocateur possible– et ce
n’est pas chose aisée pour moi – pour engager le débat sur les changements qu’il
serait nécessaire d’apporter au fonctionnement du système monétaire dans
l’optique, justement, de diminuer le fardeau de la dette. On ne peut pas dire
que cela fut un franc succès tant mon interlocuteur fit preuve d’étroitesse
d’esprit, en réfutant mon argumentaire sans même avoir pris la peine de le lire.
S.Ménia, co-animateur du blog d’Econoclaste
(et, très accessoirement, étoile montante de l’"économie-spectacle")
a été relativement bien inspiré, une fois n’est pas coutume, le
jour où il a qualifié F.Lordon de, je le cite, "Luchini de
l'économie". L’homme a en effet un certain talent de comédien qui lui
assure un franc succès lors de ses interventions publiques. Mais, Dieu merci,
la comparaison s’arrête là : F.Lordon est loin d’être aussi exaspérant que
l’acteur (et que S.Ménia), bien au contraire. Comme l’a reconnu l’
"écono-bloggeur" cité plus haut, F.Lordon est un économiste brillant.
Mais c’est aussi un excellent pédagogue. Il possède cette faculté rare de
pouvoir expliquer simplement les mécanismes les plus complexes de la finance
sans céder aux facilités de langage. Par souci d’efficacité dans son propos, il
ne craint pas d’utiliser la novlangue propre à ce milieu tout en réussissant à
éviter que n’en soit affectée la clarté de sa démonstration. Cette aisance
pédagogique dans le décryptage de la finance, il la doit, selon moi, non
seulement à ses qualités naturelles mais aussi à sa formation initiale
d’ingénieur. Elle lui évite les défauts propres aux économistes purs et durs
qui considèrent souvent que si la réalité ne se conforme pas à leur(s)
théorie(s) il faut changer la réalité, et lui permet de garder les deux pieds
dans le monde réel.
Plus que jamais, je reste
convaincu qu’en économie ce que l’on voit dépend des lunettes théoriques que
l’on porte. Le problème c’est que ceux qui se définissent comme des "libéraux"
ont visiblement de mauvais opticiens ! Je me suis aventuré, avec quelque
appréhension je l’avoue, à lire un texte écrit par Henri Lepage publié sur le
site de l’Institut Turgot. Pour être tout à fait honnête, c’est en allant
musarder du côté de chez LOmig
que j’ai pris connaissance de ce papier. Il m’arrive en effet, quand je veux me
détendre, de passer sur ce genre de blog. Je suis rarement déçu car les
occasions de rire sont nombreuses. Je ne vais pas cependant jusqu’à laisser des
commentaires m’étant rapidement rendu compte que la discussion n’est pas
possible lorsque l’on défend des positions aussi radicalement opposées et que
la partie adverse fait preuve d’une mauvaise foi à toute épreuve, pire que la
mienne. J’ai donc lu ce texte intitulé
"Crise
financière : l’autre vision" daté de Novembre 2008. Comme
indiqué plus haut, j’avais une certaine appréhension, celle de trouver des arguments
qui viendraient remettre en cause les principes auxquels je crois et les
connaissances que j’ai péniblement acquises en complet autodidacte. J’ai vite
été rassuré. Non pas que ce document soit un tissu d’âneries comme de mauvais
esprits pourraient le supposer. Bien au contraire, il contient des choses fort
pertinentes mais qui apportent toutes de l’eau au moulin des adversaires du
marché et de la finance dans leurs fonctionnements actuels.