Selon Wikipédia, F.Lordon est un économiste (pas vraiment orthodoxe) et philosophe (plutôt Spinoziste) français. Contrarié dans sa vocation qui le poussait naturellement vers le théâtre, le jeune Frédéric, après avoir brillamment exaucé le souhait de ses parents qui rêvaient de le voir devenir ingénieur,  s’est rapidement orienté vers une discipline lui permettant de se donner en spectacle, d’amuser la galerie, et il a donc choisit l’économie. Refusant obstinément de passer à la télévision sous prétexte qu’on le film toujours sous son mauvais profil, il ne donne d’interview qu’à Pascale Fourier (et Daniel Mermet). Trop fainéant pour faire trader, il a choisit de travailler dans la recherche, ce qui lui laisse du temps libre pour écrire. Il est ainsi l’auteur de nombreux ouvrages où il fait rien que dire du mal des banquiers, des CDO et de la gauche de gouvernement. Toujours selon Wikipédia, « Il mobilise et réinterprète le conatus spinozien, et ce faisant se dégage de l'emprise du structuralisme althusserien pour réintroduire la dimension de l'action des individus-sujets au cœur des rapports sociaux, au cœur des sociétés. » Etonnant, non ?

Pour en revenir au théorème mentionné ci-dessus, sa démonstration a été donnée très récemment dans un texte qui devrait rester célèbre, " Sauver les banques jusqu’à quand ?" et peut être formulé sous sa forme simplifiée : « Un secteur bancaire privatisé n’est pas tolérable. ». Les développements possibles, associés à ce théorème ont été proposés dans "Pour un système socialisé  du crédit ", autre texte remarquable.

Toujours dans le texte qui nous intéresse ici, l’auteur développe plusieurs idées en contradiction bien souvent avec la pensée dominante de son époque. Ainsi, la thèse farfelue défendue par certains illuminés selon laquelle un Etat peut faire faillite est proprement mise en pièces : « Or aucun État n’est jamais mort de faire défaut sur sa dette pour la simple et bonne raison que l’expression « faire faillite » n’a rigoureusement aucun sens à propos d’une entité politique souveraine – et ceci à la différence des banques privées en 2008 qui, n’eussent-elles été sauvées, étaient, elles, promises au trépas. En bonne logique si l’État ne meurt pas de défaut, ce n’est pas l’État qu’on sauve. Alors qui ? Ses créditeurs, bien sûr. »

Autre concept intéressant abordé par l’auteur, celui de "malfaisance" qui éclaire d’un jour nouveau, le secteur bancaire : « (…) un système dont les effets sur la vie matérielle du plus grand nombre sont si grands (…) et qui, fonctionnant en dernière analyse aux forces primitives de l’opinion et de la croyance, est voué aux formes les plus aberrantes du soupçon et aux réactions les plus aberrantes qui s’en suivent nécessairement, un tel système, donc, est malfaisant, et donne par soi, de nombreuses raisons de le mettre au pas. »

F.Lordon a aussi abordé la théorie des jeux, en proposant une expérience qui, à ce jour, n’a pas été réalisée (on sait la difficulté de procéder à l’expérimentation en économie) et qui se présente comme suit : « On pourrait faire l’expérience de laisser faire le défaut souverain pour voir si le système bancaire est finalement capable de l’absorber sans faire collapsus – et il est possible qu’il le soit. Mais l’expérience est joueuse, car s’il ne l’est pas… »

Espérons (ou pas ?) que nous n’ayons pas, rapidement, de réponse à cette interrogation