Après la théorie du "laisser-faire " voici la théorie du " laisser-rien-faire"
Par RST le mercredi, 4 janvier 2012, 19:06 - Polémique - Lien permanent
Cela faisait longtemps que je n’avais plus eu l’occasion de me gausser
de mes écono-blogueurs préférés, les Econoclastes en général
et Alexandre Delaigue en particulier. Et voilà qu’en ce début d’année, ce
dernier publie une
chronique dans Libération.fr intitulée "Crise : et s'il suffisait de ne rien faire ?" dont le contenu
est affligeant au point qu’on peut
légitimement se demander si
il n’en a pas sous-traité la rédaction à
Stéphane Ménia ce n’est pas le texte qu’il prévoyait de publier le 1er
avril qu’il aurait prématurément transmis à la rédaction, après un réveillon prolongé un peu trop arrosé.
A moins qu’il n’ait écrit ces lignes
dans le seul but de me donner l’occasion de faire un texte alors que
l’inspiration me faisait défaut ?
Très franchement, je n’aurais jamais cru qu’il soit possible pour un individu n’ayant pas abusé de substances
illicites que l’on supposera sain d’esprit – hypothèse audacieuse pour un
"chroniqueur économique", j’en conviens – de pondre ce genre de papier. Personne ne sait
lire relit les textes proposés chez Libé ? Je ne sais même pas par
quel bout le prendre, tellement c’est pathétique. Je pourrais, une fois de plus,
me foutre de la gueule de ces économistes incapables de proposer des solutions
et qui s’en remettent, un peu comme Eva Joly, à la bonne fortune (Faisons
le pari que tout ira mieux si nous ne faisons rien). Je pourrais stigmatiser la
lâcheté d’une attitude aussi défaitiste consistant à prêter aux autres sa propre
incompétence pour mieux discréditer d’avance toute proposition d’action (Je n’ai rien à proposer donc je me fous de la
gueule des impudents qui prétendent avoir des solutions en comparant la
campagne électorale à un "grand
concours Lépine des solutions et réformes urgentes à mener"). Je
pourrais dénoncer la démagogie consistant à remplacer le « tous
pourris » traditionnel par le « tous incompétents » à la mode
Delaigue. Je pourrais enfin signaler que si lui ne sait pas quoi faire, il
n’a qu’à faire de l’économie, d’autres en revanche ont des choses à proposer
sans pour autant faire preuve de "confiance
excessive", de "narcissisme" ou d’ "ignorance du
contexte" comme, au hasard, Laurent Pinsolle
et ses 18 propositions concrètes pour réguler
la finance. Mais à quoi bon ? Il
n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Comment peut-on, lorsque
l’on a l’ambition d’intervenir dans le débat indispensable au bon fonctionnement
de la démocratie et que l’on reconnait que 2012 s’annonce mal, rabaisser à ce
point l’action politique en recommandant
"de choisir le ou la candidat(e) qui promet d'en faire le moins possible" ?
Et ce n’est pas en s’abritant derrière la prose d’Olivier Blanchard,
spécialiste de l’enfoncement des portes ouvertes, que l’on peut espérer donner
plus de crédibilité à ce délire total qui ne grandit pas son auteur.
Mais en définitive, il n’y a
rien de franchement étonnant dans tout cela. Delaigue est un récidiviste du
degré zéro de la réflexion, lui qui considère que la prostitution est un
échange globalement avantageux pour tous ou encore qu’il faut lutter contre le
fétichisme industriel.Et dire que grâce à Libération, nous aurons l’immense chance que
"Chaque lundi, pendant la campagne
présidentielle, l'économiste Alexandre Delaigue pose une question économique
qui fâche politiquement." ! Elle ne va pas voler bien haut, la
campagne ! Je leur propose un truc moi à Libé : qu’ils fassent appel
à quelqu’un comme moi Yann du blog
Le bon dosage pour leurs chroniques. Elles seront d’un autre niveau, les
chroniques. Chiche ?