Très franchement, je n’aurais jamais cru qu’il soit possible pour un  individu n’ayant pas abusé de substances illicites que l’on supposera sain d’esprit – hypothèse audacieuse pour un "chroniqueur économique", j’en conviens –  de pondre ce genre de papier. Personne ne sait lire relit les textes proposés chez Libé ? Je ne sais même pas par quel bout le prendre, tellement c’est pathétique. Je pourrais, une fois de plus, me foutre de la gueule de ces économistes incapables de proposer des solutions et qui s’en remettent, un peu comme Eva Joly, à la bonne fortune  (Faisons le pari que tout ira mieux si nous ne faisons rien). Je pourrais stigmatiser la lâcheté d’une attitude aussi défaitiste consistant à prêter aux autres sa propre incompétence pour mieux discréditer d’avance toute proposition d’action  (Je n’ai rien à proposer donc je me fous de la gueule des impudents qui prétendent avoir des solutions en comparant la campagne électorale à un "grand concours Lépine des solutions et réformes urgentes à mener"). Je pourrais dénoncer la démagogie consistant à remplacer le « tous pourris » traditionnel par le « tous incompétents » à la mode Delaigue. Je pourrais enfin signaler que si lui ne sait pas quoi faire, il n’a qu’à faire de l’économie, d’autres en revanche ont des choses à proposer sans pour autant faire  preuve de  "confiance excessive", de "narcissisme" ou d’ "ignorance du contexte" comme, au hasard, Laurent Pinsolle  et ses 18 propositions concrètes pour réguler la finance. Mais à quoi bon ?  Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Comment peut-on, lorsque l’on a l’ambition d’intervenir dans le débat indispensable au bon fonctionnement de la démocratie et que l’on reconnait que 2012 s’annonce mal, rabaisser à ce point l’action politique en recommandant   "de choisir le ou la candidat(e) qui promet d'en faire le moins possible" ? Et ce n’est pas en s’abritant derrière la prose d’Olivier Blanchard, spécialiste de l’enfoncement des portes ouvertes, que l’on peut espérer donner plus de crédibilité à ce délire total qui ne grandit pas son auteur.

Mais en définitive,  il n’y a rien de franchement étonnant dans tout cela. Delaigue est un récidiviste du degré zéro de la réflexion, lui qui considère que la prostitution est un échange globalement avantageux pour tous ou encore qu’il faut lutter contre le fétichisme industriel.Et dire que grâce à  Libération, nous aurons l’immense chance que "Chaque lundi, pendant la campagne présidentielle, l'économiste Alexandre Delaigue pose une question économique qui fâche politiquement." !  Elle ne va pas voler bien haut, la campagne ! Je leur propose un truc moi à Libé : qu’ils fassent appel à quelqu’un comme moi Yann du blog Le bon dosage pour leurs chroniques. Elles seront d’un autre niveau, les chroniques. Chiche ?