Jugez-en plutôt. Dans un entretien publié sur LeProgrès.fr, à la question de savoir si les gens vont finalement se révolter, notre très médiatique barbu répond: « Oui, on arrive à un seuil. Cela se manifeste de manière indirecte, dans le nombre de gens qui se disent prêts à voter pour le Front national. Je discutais l’autre jour avec un chauffeur de taxi : il m’a fait une analyse de la situation qu’on dirait d’extrême gauche, et à la fin il m’a expliqué qu’il allait voter pour Marine Le Pen… Cela n’avait pas de sens au niveau politique, mais c’était sa manière à lui d’exprimer son indignation. » Je ne m’étendrai pas sur la condescendance de ces propos. Visiblement, Jorion considère qu’un chauffeur de taxi est trop con pour donner à son indignation toute signification politique. Que le sens politique de ce comportement – dont la rationalité est pourtant tout à fait évidente – échappe à notre devin s’explique en grande partie par son aveuglement idéologique qui lui fait hurler au fascisme – sinon à l’antisémitisme – pour un oui ou pour un non. Dans ces conditions, faut-il vraiment s’étonner qu’aucun parti ne fasse appel à lui pour bénéficier de ses si précieux conseils, malgré ses compétences multiformes régulièrement revendiquées à défaut d’être démontrées ? Lui néanmoins, dans sa grande candeur, s’en étonne encore qui écrit en commentaire sur son blog : " j’ai reçu en 2008 ou 2009 un mail me demandant si j’étais disposé à conseiller le Front de Gauche. J’ai répondu oui. Comme seul un grand silence accueillit ma réponse, j’ai relancé au bout de quelques mois. On m’a répondu : « On vous revient sous peu ! » J’attends toujours. J’ajoute que ce n’est pas un cas isolé : c’est arrivé plusieurs fois avec d’autres groupes. Quelle est l’explication du mutisme une fois que vous avez dit oui ? L’objection de quelqu’un quelque part, je suppose." Cette "objection de quelqu’un quelque part ", est-il totalement insensé – plutôt que de soutenir la théorie du complot, comme le font les disciples de Paul Jorion en transe – d’imaginer qu’elle a pour origine le temps de la réflexion qui fait que les gens prennent conscience de qui il est réellement: un homme probablement intelligent mais surtout sectaire et clivant, qui surfe sur la crise pour assurer sa subsistance en vendant ses bouquins, interdit sur son blog le moindre débat démocratique et raconte de grosses conneries au sujet de la monnaie ? Cela commence heureusement à se savoir et l’image de charlatan (ou de gourou sectaire) fait son chemin dans les esprits. Mais si les partis politiques français ne trouvent pas à l’utiliser, pourquoi ne propose-t-il donc pas ses services à ses compatriotes ? Ils semblent avoir bien besoin d'aide.

Décidemment, j’ai une sacrée chance. La quatrième saison d’Eco(dé)mystificateur démarre sous les meilleurs auspices. Après mes idoles écono-blogueuses, voilà que c’est mon belge préféré qui a lui aussi décidé, en ce début d’année, de me redonner l’occasion de parler de lui. Et pour couronner le tout, l’un de mes textes a été repris sur Marianne2 pour mon plus grand bonheur (contrairement à d’autres plus doués, je payerais pour ça). Vraiment, l’année bloguesque commence bien pour moi !