On croyait le débat tranché une bonne fois pour toute de son côté, notre Galilée belge ayant établi – envers et contre tous – que les banques commerciales ne créaient pas de monnaie. Prétendre le contraire ne pouvait être selon lui que le fait de dangereux individus d’extrême droite propageant une légende urbaine. Or ne voila-t-il pas que, à notre grand étonnement, il remet le sujet sur la table en rallumant le débat sur le fameux principe – communément admis par pratiquement tout le monde sauf lui – que « les crédits font les dépôts ». On sent bien à travers son discours ampoulé et ses métaphores gallinacées que notre homme se rend confusément compte qu’il se trompe quelque part. Mais comment le reconnaître maintenant franchement sans mettre en cause toute sa crédibilité ? Ce n’est évidemment pas possible. Il faut donc agir en douceur, en préparant le terrain. Il reconnaît tout d’abord que tout bien considéré, il y a du fond quelque part dans le principe mentionné plus haut, même si le sujet ne passionne, selon lui que les financiers débutants (et les lecteurs de son blog à en juger par les milliers de pages produites lorsque le débat y était encore tant bien que mal toléré). Il trouve ensuite un nouveau bouc émissaire, les partisans de l’étalon or, moins ridiculement polémique que les fachos. Il enrobe enfin le tout avec des questions dont il fait les réponses (fausses) et le tour est joué. Bref, il met de l’eau dans son vin, essaye de détourner le débat et démine au maximum le terrain en vue d’un inévitable retournement de veste indispensable pour ne pas sombrer définitivement dans l’anonymat et/ou le ridicule. Seul l’avenir dira si cette stratégie peut fonctionner, en espérant néanmoins que le charlatan soit finalement débusqué.

Deux remarques pour finir et illustrer les doutes et les erreurs flagrantes de Jorion. La première c’est que, comme me l’a fait remarquer un ami très cher – qui se fera connaître dans les commentaires si il le souhaite – on sait très bien maintenant qui de la poule et de l’œuf était là en premier : c’est l’œuf. La démonstration a été énoncée par John Brookfield de l'Université de Nottingham, spécialiste en génétique évolutive, et David Papineau, philosophe des sciences du King's College de Londres. La deuxième remarque concerne la possible prise de conscience de Jorion. Dans son texte il se demande  « si les dettes entre particuliers se règlent en argent, en quoi les dettes entre un particulier détenteur d’argent et la banque centrale se règlent-elles ? » En or répond-il. Ce n’est pas tout à fait faux en réalité, sauf que l’or a aujourd’hui été remplacé par la monnaie banque centrale et que donc ces dettes se règlent en monnaie banque centrale. Jorion serait-il en train de découvrir le fonctionnement du système bancaire dit fractionnaire ? C’est fort possible et cela confirme bien le retournement de veste en cours et sa stratégie préparatoire.