Nicolas Dupont-Aignan : affreux gauchiste ou génial précurseur ?
Par RST le vendredi, 7 janvier 2011, 18:01 - Politique - Lien permanent
D’une certaine manière, il a lui-même répondu à la question en déclarant récemment chez Ardisson que si Dominique Strauss Khan était de gauche, alors lui-même était d’extrême gauche. Il confirme maintenant en proposant dans son dernier éditorial, un projet de loi visant à instaurer le principe du salaire maximum qu’il a l’intention de défendre à l’Assemblé Nationale avec force et conviction. Je lui fais confiance : il le fera. Je fais aussi confiance à l’Assemblée pour rejeter ce projet. De même que je fais confiance à la meute des dirigeants et des éditorialistes politiques confondus pour que cette nouvelle proposition attire au patron de Debout la République tous les sarcasmes et les accusations de la terre, de celle de démagogue à celle d’utopiste, en passant par celle de communiste et peut-être même de consommateur de produits prohibés. Il n’en reste pas moins qu’il est le premier (?) élu de la République qui, après avoir dénoncé le fonctionnement actuel du système monétaire, propose de s’attaquer aux structures du capitalisme en instaurant des limites à l’indécence.
Comme le démontre Jean Gadrey dans un article que j’avais eu l’occasion de mentionner il y a deux ans maintenant (que le temps passe vite !) :
- l’idée d’un revenu maximum n’est pas une utopie ;
- elle peut apparaître non seulement comme une exigence morale, mais aussi comme l’une des voies de sortie des crises majeures.
A bien des égards, Nicolas Dupont-Aignan est un précurseur. Je suis convaincu que ce qu’il dénonce aujourd’hui sera reconnu comme une violence inadmissible par les générations futures, comme le fut, en son temps l’esclavage. Qu’il me soit permis ici de m’auto-citer : « Que les "libéraux" se rassurent, l’ambition et le potentiel de chacun pourront toujours se développer librement dans un monde où l’on pourra, par son mérite (en supposant que celui-ci puisse être objectivement mesuré, ce qui reste encore à prouver), mieux réussir que le voisin pour, ainsi, mieux gagner sa vie que lui … mais pas de manière totalement indécente comme actuellement où les écarts de salaire peuvent être de 1 à plusieurs milliers. Car là est bien le fond du problème : la totale immoralité de la situation qui fait que certains gagnent en un an ce que d’autres ne gagneront pas de toute leur vie. C’est une vraie violence qui se pare de l’habit de la légalité mais qui reste une immense injustice que les générations futures jugeront comme telle. Comme nous jugeons aujourd’hui l’esclavage par exemple, pratique pourtant communément admise par le passé. »
Alors merci, Monsieur le Député, de vous montrer à la hauteur de la tâche qui vous incombe à une époque où la petitesse de ce qui nous sert de classe politique est affligeante et nous donne envie de ressortir les bonnets Phrygiens (et les piques qui vont bien).