Un des arguments les plus souvent entendus pour démontrer l’impossibilité d’une telle mesure de limitation des revenus est que cela découragerait l’esprit d’entreprenariat et serait un frein à  l’apparition de grandes innovations. Qui peut sérieusement croire que Bill Gates n’aurait pas développé Microsoft sous le prétexte qu’il ne pouvait pas gagner plus de 30 fois le salaire minimum ?  Combien d’inventeurs n’ont-ils jamais tiré profit de leurs découvertes qui pourtant ont changé la vie de millions de gens ? L'invention de l’hélice marine par exemple : que l’on en attribue la paternité à J.Ressel, F.Sauvage ou J.Patch, aucun n’a fait fortune. Et pourtant  l’hélice existe et son utilisation a influencé de façon considérable la marche du monde.

Que les "libéraux" se rassurent,  l’ambition et le  potentiel de chacun pourront toujours se développer librement  dans un monde où l’on pourra, par son mérite (en supposant que celui-ci puisse être objectivement mesuré, ce qui reste encore à prouver), mieux réussir que le voisin pour, ainsi, mieux gagner sa vie que lui … mais pas de manière totalement indécente comme actuellement où les écarts de salaire peuvent être de 1 à plusieurs milliers. Car là est bien le fond du problème : la totale immoralité de la situation qui fait que certains gagnent en un an ce que d’autres ne gagneront pas de toute leur vie. C’est une vraie violence qui se pare de l’habit de la légalité mais qui reste une immense injustice que les générations futures jugeront comme telle. Comme nous jugeons aujourd’hui l’esclavage par exemple, pratique pourtant communément admise par le passé. Il est intéressant de noter que c’est ce qui dit en substance, un texte d'inspiration chrétienne, publié dans 12 quotidiens français tels que Le Monde, Le Figaro, La Croix, L'Humanité ou Le Parisien, et signé par des personnalités aussi diverses que Michel Rocard ou Alain Juppé : "l’équité condamne une trop grande inégalité entre les revenus."

Et que l’on ne vienne pas rétorquer que tout cela est bien bon mais que, malgré tout , ça  reste du domaine de l’utopie et que c’est impossible à mettre en place. C’est sûrement moins utopique que n’a pu l’être l’idée de supprimer les privilèges avant le 4 août 1789  ou la possibilité  d’avoir un président noir aux USA avant le 4 novembre 2008.

RST