Il y a les réponses immédiates qui vont de l’incompétence de nos dirigeants, en passant par la défense de leurs intérêts privés aux dépends du bien commun, jusqu’aux explications psychologisantes de type «escalade d’engagement ». Mais aucune n’est entièrement satisfaisante prise individuellement, et leur association n’entraine pas non plus la conviction absolue d’avoir entièrement élucidé ce qu’il faut bien considérer en première analyse, comme un mystère. Il manque encore un petit quelque chose pour vraiment comprendre comment nos sociétés peuvent passer de manière si flagrante à côté, sinon du bonheur, du moins de l’amélioration drastique de nos conditions d’existence. Et ce petit quelque chose, c’est peut-être … la peur ! La peur que cela ne marche trop bien. Cette explication m’a été suggérée par Edouard Cottin-Euziol (le brillant auteur de  « Néolibéralisme versus État-providence »)  me rapportant les craintes de certains spécialistes convaincus que, face aux succès prévisibles des politiques reposant sur les principes mentionnés plus haut, les peuples ne soient pas assez raisonnables pour ne pas toujours demander plus aux Etats, ce qui entrainerait l’écroulement du système.  La peur, c’est aussi l’explication retenue par Mathieu Mucherie dans un article publié récemment sur Atlantico où il explique pourquoi les banquiers notamment, ne font pas ce qu’il faudrait faire (la monnaie hélicoptère par exemple)  : « certains moyens sont interdits dès le départ en raison de leur toute-puissance un peu effrayante quand on a lu Minc et Attali au lieu de lire Friedman »

Pour sauver le monde, il suffirait donc…de ne plus avoir peur.