Le 100% money est-il la bonne solution ? Je n’en sais rien. Ce que je sais par contre, c’est que se poser la question a le mérite de soulever les vrais problèmes et de mettre en avant les vices fondamentaux du système. Le débat reste ouvert et devrait faire, en toute logique démocratique, l’objet d’une vaste consultation nationale sur la base des avis des spécialistes de la question, toutes origines ou disciplines confondues. Une fois de plus, on peut toujours rêver …

En attendant que le rêve devienne réalité, je vous propose ci-après la conclusion (j'aime bien les conclusions) du texte de G.Gomez que je trouve remarquable.

A l’issue de cette revue de quelques projets, parmi bien d’autres, de restructuration du système bancaire, un enseignement apparaît avec clarté : Le système bancaire à couverture fractionnaire reste pour le bon fonctionnement de nos économies de marché un problème qu’il faut résoudre.  Faisant partie du paysage quotidien, les banques n’ont plus beaucoup soulevé de questions au cours des dernières années, d’autant plus que les théories à la mode incitaient à croire que les institutions en place avaient toutes nécessairement une justification puisque, sinon, elles auraient cessé d’exister… La crise que nous venons de traverser apparaît comme un rappel aux réalités de nos économies et aux expériences de l’histoire : problème majeur hier, le fonctionnement des banques est un problème aujourd’hui et, si rien n’est fait, il le sera demain car il repose sur une faiblesse qui est un vice fondamental et incurable, la confusion entre la monnaie et le crédit. Il s’avère que les circonstances d’aujourd’hui pourraient aider les décideurs et l’opinion publique à devenir plus réalistes face au double problème que rencontrent nos sociétés : l’impuissance de nos systèmes de régulation économique et les équations budgétaires insolubles dans un contexte de dettes publiques devenues incontrôlables. En effet, les replâtrages sans avenir des structures branlantes du présent ne suffisent plus. Il faut trouver autre chose et peut-être que la solution est-elle de renouer avec cette tradition, illustrée par les plus grands économistes, qui a de tout temps dénoncé le caractère fondamentalement vicié du fonctionnement d’un système bancaire qui produit la monnaie dont nos économies ont besoin en émettant des crédits. Comme le soutient notre étude, toute véritable solution aux problèmes contemporains doit passer par la reconquête du Pouvoir Monétaire par la société, à travers une réforme radicale du système bancaire fondée sur la dissociation entre la  monnaie et le crédit, autrement dit la réforme qui est restée dans l’histoire sous le nom du « 100% Money ».

Cette réforme permettrait d’atteindre, pour un coût finalement minimal, la plupart des objectifs auxquels il est possible d’aspirer aujourd’hui : meilleure régulation économique à travers un contrôle strict de la monnaie, plus grande efficacité dans l’allocation des ressources avec, donc, un impact positif sur la croissance à long terme ; capture par les Etats de la rente liée à la création monétaire ce qui permettrait de dégager des marges de manœuvre budgétaires très significatives. Mais, peut-être, au-delà de tous ces bénéfices, une telle réforme pourrait devenir la pierre angulaire d’une nouvelle refondation du capitalisme, dont on parle beaucoup sans jamais être capable de lui donner un contenu réel. Au cours des deux dernières décennies, un esprit d’ « agiotage », pour reprendre l’expression si juste de Walras, s’est répandu comme une gangrène, avec pour principale source d’alimentation une création monétaire débridée à l’échelle mondiale. Même si d’autres réformes au niveau du fonctionnement des marchés capitaux sont aussi nécessaires, cette réforme serait une étape indispensable si on veut pouvoir changer l’état d’esprit régnant. En effet, en contrôlant la masse monétaire et en réservant ses gains au seul Etat, elle ferait cesser ce scandale de pouvoir « se servir sur le marché sans offrir ». Elle fermerait le robinet des « faux droits » et ouvrirait le champ libre aux véritables facteurs de richesses à long terme : L’épargne et l’initiative entrepreneuriale. Elle promouvrait les émules des Steve Jobs (Apple), Bill Gates (Microsoft), et autres créateurs du même acabit. Elle signerait le commencement de la fin pour les profiteurs de ce système né d’une fraude et qui a toujours été le cancer des économies de marché et des sociétés libérales : Le système bancaire à couverture fractionnaire.