Ceci étant posé, l’auteur passe en revue la plupart des crises qui se sont déroulées dans la 2ème moitié du XXe siècle pour nous en expliquer les causes, les effets et les solutions plus ou moins efficaces qui y ont été apportées. Une des conclusions principales qui en ressort est que " la réussite apparente d’une économie, l’admiration portée à ses dirigeants par les marchés et les médias ne garantissent nullement que cette économie fût à l’abri d’une crise financière soudaine" , ce qu’il appellera plus loin dans le livre une « crise autoréalisatrice ».

L’économiste s’interroge alors sur le rôle du FMI et sur le fait qu’il n’ait pas mis en œuvre les solutions qui paraissaient évidentes, à la lumière de l’expérience du passé et des connaissances acquises: " Pourquoi ces hommes très intelligents défendaient-ils pour les économies de marché émergentes des politiques qui étaient totalement perverse selon la doctrine économique standard ? La réponse tient en quelque mots : « la peur des spéculateurs »" Le propos ici ne consiste pas en une critique de plus du FMI. A travers cette institution et son action, Krugman attire notre attention sur le rôle majeur des attaques spéculatives autoréalisatrices, à l’origine des crises éponymes. On se rend compte alors que la psychologie du marché devient déterminante parce que "le fait de croire quelque chose rend ce quelque chose possible". On se rapproche ici grandement des thèses défendues par quelqu’un comme Pierre-Noël Giraud. Tout ceci permet à Krugman d’affirmer que "la politique économique internationale finit par avoir bien peu en commun avec l’économie. C’est devenu un exercice de psychologie amateur (…) " Il semble donc qu’avec les règles actuelles du système financier international il n’y ait pas vraiment de solutions pour éviter les crises.

Que faire alors ? Au delà des mesures d’urgence (faire repartir le crédit et soutenir les dépenses en injectant des capitaux), une réforme financière s’impose, décrite très succinctement par Krugman selon le principe général que "tout ce qui doit être secouru pendant une crise financière (…) devrait être régulé en dehors des crises" et notamment le « système bancaire de l’ombre » (dont les hedge funds font par exemple partie) qui, officieusement remplit un certain nombre des prérogatives du secteur bancaire sans en subir les obligations puisque officiellement il n’en a pas les statuts. Il faut que le système financier redevienne ennuyeux nous dit Krugman, ce qui devrait réjouir F.Lordon lui qui propose de « médiocriser la finance ». La réforme passe aussi par une limitation des flux internationaux de capitaux à long terme.

Même si Krugman ne détaille pas les solutions et les manières de les mettre en œuvre, nous savons qu’elles existent. Comme il le dit lui-même en conclusion : "les seuls obstacles structurels importants à la prospérité du monde sont les doctrines obsolètes qui encombrent l’esprit des hommes"