Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la finance sans jamais oser le demander…
Par RST le lundi, 30 novembre 2009, 19:26 - Notes de lecture - Lien permanent
… est dans ce livre, "Le
commerce des promesses", écrit par Pierre-Noël Giraud. C’est
grâce au blog de Serenis
Cornelius que je l’ai découvert. Son enthousiasme communicatif m’a
convaincu de le lire sans plus tarder. C’est ce que j’ai fait, et je ne le
regrette pas. Publié pour la première fois en 2001, cet ouvrage a été couronné
par de nombreux prix et a fait récemment l’objet d’une réédition mise à jour, incluant
notamment l’analyse de la crise actuelle. Le propos est clair, direct, sans
fioritures, et s’adresse à un large public, comme le revendique clairement
l’auteur : « Fidèle à la
conviction que les questions économiques doivent pouvoir être débattues par des
non-spécialistes, j’ai tenté de les leur rendre accessibles, sans pour autant
en éluder les difficultés. »
A l’instar d’un F.Lordon par
exemple, P.N. Giraud est à l’origine un ingénieur qui a mal tourné puisqu’il
est devenu économiste. Je reste convaincu que c’est cette formation initiale
qui lui permet de garder les pieds sur terre et de faire en sorte que
l’économie – et particulièrement la finance – ait un caractère pratique, en
nous ramenant toujours aux réalités concrètes. Si l’un de ses objectifs est de
décortiquer le mécanisme des bulles financières, il ne vit pas dans la sienne
et propose constamment, grâce à des exemples récents, de regarder ce qui se passe
dans le monde réel afin de valider son propos.
J’aurai l’occasion de revenir à
plusieurs reprise sur l’ouvrage tant il est riche et complet et offre matière à
discussion. Il remet d’ailleurs en cause un certains nombre de choses que je
pensais définitivement acquises et surtout, présente une articulation entre la
création monétaire et le fonctionnement de la finance qui ne peut que me
réjouir.
En attendant de développer plus
en avant ce que j’ai retenu, ma fainéantise naturelle me pousse à profiter que Giraud fait régulièrement le bilan des idées qu’il développe, pour
citer un passage qui résume bien la première partie du livre et les thèses
défendue par l’auteur.
Dans les chapitres qui précédent, j'ai donné mon analyse de ce qu'est la finance, en particulier la finance de marché globale. J'ai mis l'accent sur les caractéristiques suivantes, essentielles à mes yeux : les instruments financiers visent à transférer de la richesse dans le temps. Or il n'existe aucun moyen sûr de transférer de la richesse dans le temps. La finance crée et organise l'échange de droits sur la richesse future qui ne peuvent jamais être garantis. Ce ne sont donc que des promesses. Le prix de ces promesses ne peut jamais être calculé simplement à partir de données observables. II résulte à chaque instant de la confrontation, sur les marchés, des visions de l'avenir que construisent les acteurs économiques. Ces visions ne sont nullement le simple reflet de l'ensemble des données observables dans le passé et le présent. Ces données sont certes suivies et analysées avec la plus grande attention par les acteurs, mais elles sont traitées par des modèles d’interprétation qui comportent une large part d'appréciation subjective et de mimétisme. II en résulte qu’il n’est jamais possible de dire en toute rigueur qu’un actif financier est sur- ou sous-évalué par le marché. Il en résulte que les prix des actifs financiers peuvent subir, sous l'effet d'informations nouvelles, de brusques variations, sans qu'il soit possible d'affirmer qu'il s'agit là d'inévitables corrections ramenant les prix à leur valeur fondamentale objective.
Enfin, dans les systèmes monétaires contemporains où ce sont les banques commerciales qui créent une pure monnaie de crédit, et où les gouvernements manifestent une préférence marquée pour la croissance, la finance produit inévitablement des droits en excès sur la richesse future, ce que j'ai appelé le « mistigri ». Cela provoque des purges périodiques des droits en excès, de nature différente selon les systèmes financiers (poussées inflationnistes ou crises financières), qui engendrent des conflits de répartition et des transferts de richesse.
Ces thèses sont éloignées des conceptions aujourd’hui dominantes tant en finance qu'en économie. J’en ai dit la raison. Elle tient à ce que j'ai systématiquement exploré les conséquences d'un axiome : «L'avenir est contingent. » Cet axiome n'est admis ni par la finance ni par l'économie, pour qui l'avenir est calculable.