Le premier texte que j’ai retrouvé (« Société post-industrielle et productivité, quand les mots ne veulent plus rien dire ») date de décembre 2009. Il pose clairement le problème en mettant en cause la manière dont les économistes calculent la productivité et « confondent de façon approximative la croissance du PIB avec celle de la productivité celle-ci n'étant qu'une simple division du PIB par le nombre d'heure de travail par salarié. »Le thème de la productivité est repris en détail dans un texte de mars 2011 («Productivité et chômage ») qui dénonce « l’illusion comptable de la productivité »:

« On ne peut pas comparer la productivité d'un ouvrier avec celle d'un coiffeur par exemple cela n'a aucun sens c'est pourtant ce que signifie ce calcul de productivité globale. Tout ceci n'a pas grand-chose avoir avec la productivité réelle du travail, celle qui est produite par l'amélioration technique et qui a permis l'élévation du niveau de vie depuis la guerre.  De toute façon, la notion de productivité est une notion industrielle et technique, l'appliquer ailleurs que dans ce cadre relève plus de l'idéologie que d'une pratique rationnelle. Quelle est donc la productivité d'un médecin ou d'un pompier? Ou d'un énarque?
Plus grave encore la mondialisation a complètement faussé les données en matière de productivité. En effet, là où malgré les approximations on avait un calcul de la productivité relativement proche du réel quand nos économies étaient  autosuffisantes,  on a désormais un échange de productivité comptable. Car en important des marchandises d'un autre pays vous importez aussi quelque part sa productivité, c'est un point important qui est malheureusement totalement ignoré de la plupart des économistes qui manipulent des chiffres sans vraiment remettre en question ce qu'ils signifient réellement. Certes, des critiques se font sur le PIB, mais rares sont ceux qui vont plus loin. Les mesures économétriques que nous utilisons couramment ont d'ailleurs été conçues à une époque où les nations étaient beaucoup moins imbriquées et où les monnaies étaient relativement stables à cause de l'étalon or. Ce n'est plus du tout le cas de nos jours. Un pays qui voit son PIB s'effondrer par rapport à une baisse monétaire a-t-il pour autant vu sa productivité physique baisser? La réponse est non, rien n'a changé, si ce n'est son rapport aux autres nations en matière commerciale. En 2009 le PIB du Japon a fortement reculé, cela signifie-t-il pour autant que la productivité des japonais a alors baissé? Est-ce que les ouvriers japonais  se sont mis à travailler au ralenti ou que les robots ont rouillé? Il faut bien voir les limites de la représentation du réel que ce sont les chiffres économiques, sinon on passe à côté de l'essentiel et l'on se retrouve à dire que la France est l'un des pays les plus productifs du monde alors qu'elle se vide de ses usines, ce qui est un paradoxe. (…)  Si l'on se fie aux chiffres de la productivité le Luxembourg est le pays le plus productif d'Europe. Mais que produit donc  le Luxembourg?»

Enfin, dans un texte de mai 2014 (« L'illusion monétaire de la productivité »), Yann insiste sur « l'intervention de la mesure monétaire » et sur le fait que la  « mesure de la productivité va incontestablement se voir déformer par les rapports de force sociaux, géopolitique et autres qui vont intervenir dans les évolutions des monnaies ».

Pour conclure, je ne peux que vous recommander de lire ces textes qui restent largement d’actualité. Ils vous permettront de comprendre pourquoi lier les salaires à la productivité telle qu’elle est mesurée aujourd’hui est loin d’être pertinent et pourquoi, comme l’écrit Yann « c'est la faible demande qui explique le chômage et non les gains de productivité (…)  les deux seules solutions au problème du sous-emploi produit par les gains de productivité sont la baisse du temps de travail ou la hausse de la consommation »