Je passe rapidement sur les explications qui ont été fournies, dans la plus pure tradition de ces économistes hors-sol, fonctionnant en circuit fermé, affranchis de toute rigueur scientifique, justifiant certains choix d’équations ou de données effectués arbitrairement … "faute de mieux", pour en arriver directement aux conclusions. Sur les 3 canaux identifiés comme étant susceptibles de transmettre les effets de l’assouplissement quantitatif, il a été admis que l’un n’a pas vraiment fonctionné, à savoir l’effet sur les bilans bancaires et donc l’offre de crédit – ce qui est, on le reconnaitra très embêtant tout de même. Mais comme le dit le célèbre adage : on ne saurait faire boire un âne qui n’a pas soif ! Le deuxième canal celui du taux de change et donc de la dépréciation de l’euro aurait plutôt bien fonctionné et le troisième, celui qualifié de principal, à savoir le taux d’intérêt a nécessité des engagements supplémentaires de la BCE, en plus du QE, pour fonctionner. On le voit donc, un bilan plutôt médiocre avec un résultat chiffré plus ou moins sorti du chapeau pour la France de 0,15% de contribution directe à la croissance et de 0,10 % de contribution indirecte qui permet aux intervenants d’avancer très prudemment, sans vraiment le démontrer, que « l’effet du QE stimulerait la consommation des ménages ». Compte tenu de la solennité de cette assemblée de gens – jeunes pour la plupart – visiblement hautement qualifiés, je n’ai pas osé prendre le risque de passer pour un doux dingue en demandant si l’on avait, par le plus grand des hasards, noté un effet du QE sur le chômage !
Ce qui ressort en réalité de toute cette affaire de manière relativement claire, c’est que le Quantitative Easing a surtout permis à ce qui est qualifié de "secteur étranger" et aux banques de rééquilibrer leurs portefeuilles avec un transfert des risques portés par certains établissements des pays dits périphériques vers la BCE. Prétendre comme le fait le titre de l’une des études que ce QE aurait eu un effet sur la reprise de la zone euro s’apparente à une tentative désespérée d’appliquer la méthode Coué. Alors que l’on sait, suite à la démonstration de Gabriel Galand sur le site de "Chômage et monnaie", que le QE de la BCE a été tout à fait inefficace.