La méthode Coué à la rescousse du QE de la BCE ?
Par RST le mercredi, 13 avril 2016, 19:02 - Macroéconomie - Lien permanent
J’ai donc
assisté au séminaire Fourgeaud du 5 avril dernier intitulé "Impact de la
politique monétaire de l’Eurosystème". Malgré la technicité des sujets,
j’ai quand même réussi à saisir les grandes lignes des démonstrations faites
par les représentants de l’INSEE puis de la Banque de France. Le moins que l’on
puisse dire c’est que la justification d’un soi-disant effet positif du QE
actuel sur la reprise a été laborieuse et, de mon point de vue de béotien, tiré
par les cheveux.
Je passe rapidement sur les explications qui ont été fournies, dans la plus
pure tradition de ces économistes hors-sol, fonctionnant en circuit fermé,
affranchis de toute rigueur scientifique, justifiant certains choix d’équations
ou de données effectués arbitrairement … "faute de mieux", pour
en arriver directement aux conclusions. Sur les 3 canaux identifiés comme étant
susceptibles de transmettre les effets de l’assouplissement quantitatif, il a
été admis que l’un n’a pas vraiment fonctionné, à savoir l’effet sur les bilans
bancaires et donc l’offre de crédit – ce qui est, on le reconnaitra très
embêtant tout de même. Mais comme le dit le célèbre adage : on ne saurait
faire boire un âne qui n’a pas soif ! Le deuxième canal celui du taux de
change et donc de la dépréciation de l’euro aurait plutôt bien fonctionné et le
troisième, celui qualifié de principal, à savoir le taux d’intérêt a nécessité
des engagements supplémentaires de la BCE, en plus du QE, pour fonctionner. On
le voit donc, un bilan plutôt médiocre avec un résultat chiffré plus ou moins
sorti du chapeau pour la France de 0,15% de contribution directe à la
croissance et de 0,10 % de contribution indirecte qui permet aux intervenants
d’avancer très prudemment, sans vraiment le démontrer, que « l’effet du QE stimulerait la consommation
des ménages ». Compte tenu de la solennité de cette assemblée de gens
– jeunes pour la plupart – visiblement hautement qualifiés, je n’ai pas osé
prendre le risque de passer pour un doux dingue en demandant si l’on avait, par
le plus grand des hasards, noté un effet du QE sur le chômage !
Ce qui ressort en réalité de toute cette affaire de manière relativement
claire, c’est que le Quantitative Easing a surtout permis à ce qui est qualifié
de "secteur étranger" et aux banques de rééquilibrer leurs
portefeuilles avec un transfert des risques portés par certains établissements
des pays dits périphériques vers la BCE. Prétendre comme le fait le titre de l’une
des études que ce QE aurait eu un effet sur la reprise de la zone euro
s’apparente à une tentative désespérée d’appliquer la méthode Coué. Alors que
l’on sait, suite à la démonstration de Gabriel Galand sur le site de
"Chômage et monnaie", que le QE de la BCE a été tout à fait
inefficace.