Évacuons d’entrée de jeu l’hypothèse selon laquelle Jacques Nikonoff regretterait d’avoir officiellement apporté son soutien à NDA pour les législatives et tenterait donc par cette prise de position musclée de redorer son blason auprès de ses troupes. Notons néanmoins que, contrairement à la girouette qui s’oriente au gré des vents, on attend des hommes politiques qu’ils définissent un cap et s’y tiennent avec une certaine constance. Écrire en juin que sur l’essentiel on partage les idées de NDA, pour ensuite en septembre refuser précipitamment son invitation ne fait pas très sérieux.      

Sur le fond ensuite, et en faisant abstraction de la nécessaire part de provocation que NDA met dans ses propos pour avoir une chance d’être repris par la sphère médiatique, quel est le problème ? Il est relativement simple en réalité et il pose la question du but poursuivi par chacun. Le notre, celui de DLR et de ses militants, pour faire court, est de mettre fin à la tyrannie imposée par la monnaie unique qui est la cause directe des 500.000 chômeurs de plus prévus d’ici la fin de l’année en France ou du risque réel d’éclatement des nations (la Catalogne ayant récemment exprimé son ras le bol de devoir payer pour le reste de l’Espagne). Tout ceci a été rappelé brillamment et avec force détail lors de la remarquable table ronde (dont les images devraient être bientôt disponibles en ligne) par Jacques Sapir, Philipe Murer et Markus Kerber. La présence de ce dernier, économiste allemand s’exprimant dans un français admirable, fut l’occasion pour NDA de mettre en avant le caractère profondément européen de notre mouvement. Et pour atteindre le but décrit plus haut, nous faisons appel à tous les patriotes républicains quelles que soient leurs origines. Y compris ceux qui ont voté pour Marine LePen. Cela ne les rend pas pour autant infréquentables, sachant que nous resterons intransigeants sur notre refus de la xénophobie, du racisme ou de la stigmatisation de la différence. Si nous voulons les rallier à nous, c’est par le dialogue sans compromission que nous y arriverons, certainement pas en engageant un "combat" contre le FN. Ce combat, il est désespérément souhaité par le PS comme par l’UMP qui se rendent bien compte que la condition indispensable de leur survie passe par la division de leurs adversaires et l’épuisement des énergies dans des combats secondaires et stériles. Pendant que l’on stigmatise le FN, on évite d’aborder les vrais sujets.             

Je passerai très vite sur tous les arguments qui justifient amplement la stratégie de Nicolas Dupont Aignan. De l’évocation classique de De Gaulle qui en juin 40, face à la gravité de la situation, n’a pas fait le tri entre les rares volontaires qui l’ont rejoint à Londres à l’habituel  rappel que l’alliance de Mitterrand avec les communistes n’a pas fait de lui un Stalinien. Je préfère conclure avec une explication à l’attitude fort peu rationnelle de Nikonoff qui tombe pieds et poings liés dans le piège qui lui est tendu. Elle a été donnée par Yann du blog Le Bon Dosage, dans un commentaire qu'il a posté récemment sur ce blog, où il résume en quelques mots les motivations de la gauche et des gauchistes :   « (…) L'absence de croyance nationale les conduit à des délires frontaliers idéologiques graves. Ils se permettent de juger le bien du mal sur des critères extrêmement flous. Sans s'en rendre compte, ils fonctionnent exactement comme les gens qu'ils critiquent la bonne conscience en prime. C'est comme cela que l'on finit par ouvrir des goulags et des camps de concentration. Pour peu que ton pied dépasse, ce qu'ils jugent être la frontière de leur idéologie. Et c'est la planche direction les requins. On pourrait d'ailleurs se poser la question ultime : Qui juge les juges ? Qui définit la frontière de la GOOOOCHE ? C'est l'inquisition du 21e siècle. »

Et je confirme ce que j’ai déjà eu l’occasion d’écrire : malgré les leçons de morale de la gauche bien pensante, complice malgré elle du système, refuser d’ostraciser les électeurs du FN ne fait pas de vous un nazi en puissance !