Je n’ai pas hélas gardé trace de la totalité des échanges suite à ce billet, mais je me souviens que j’avais été amené à interroger celui qui a donc été engagé par la BCE pour faire de la recherche, sur ce qu’il pensait des théories économiques hétérodoxes. Afin de m’assurer une certaine crédibilité, je m’appuyais, pour formuler mon interrogation, sur les propos d’un économiste dénommé Wynne, rapportés par Marc Lavoie :

 « Ayant traité d’économie concrètement, par sa position au Trésor britannique jusqu’en 1970, Wynne fut convaincu que la science macroéconomique dominante n’avait tout simplement aucun sens, que ce soit le monétarisme ou le modèle keynésien standard IS/LM d’alors ; en fait il ne pouvait pas comprendre qu’une personne raisonnable, avant tout bourrage de crâne par des cours de science économique dominante, pouvait accorder la moindre crédibilité aux manuels et aux sophistiqués modèles de l’économie orthodoxe. »

Rapidement, la situation a dégénéré, mon interlocuteur m’accusant d’utiliser « des arguments d’autorité », ou pire « pas d’arguments du tout », procédé habituel chez ceux qui n’acceptent pas que des non-économistes les interrogent, quelles que soient les précautions qu’ils prennent. Mais n’est-il pas naturel de poser des questions à quelqu’un dont le travail de recherche risque d’influencer les choix qui seront faits par nos dirigeants ? Surtout quand ce quelqu’un peut écrire sans sourciller que « les macroéconomistes ont développé de bons modèles pour comprendre les périodes où il ne se passe rien, mais ont négligé d’étudier les périodes de crise »  et trouver ça seulement « un peu choquant » Mais non, ce n’est pas un peu choquant, c’est totalement scandaleux. Cela devrait empêcher de dormir tout économiste ayant un semblant de conscience professionnelle, et encore plus un « chercheur à la BCE ». Sauf peut-être si ce dernier considère que «(…) la monnaie est une question qui ne m'a jamais mais alors jamais intéressé. A tel point que je ne comprends même pas que ça puisse intéresser quelqu'un (…) » Mais alors, pourquoi donc, dans ces conditions exercer une profession qui vous amène à traiter d’un sujet pour lequel  vous professez un tel mépris ?

Je l’avoue, je n’ai pas d’explication. Je crois donc que je vais retourner à mes premières amours et continuer à me foutre de la gueule des économistes, c’est moins compliqué que de chercher… à les comprendre. Et, pour conclure sur les chercheurs, comme disait l’autre : « Des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Des chercheurs qui trouvent, on en cherche. » Visiblement, notre ami Jean-Edouard est parti pour chercher encore longtemps !