Ce n’est pas la première fois que j’assiste aux colloques proposés par Jean-Pierre Chevènement et sa fondation. J’ai toujours trouvé qu’ils étaient de haute tenue, grâce à la diversité et à la qualité des intervenants (j’ai pu ainsi, par le passé, écouter des gens comme Henri Guaino ou  Christian Noyer) mais aussi à l’intelligence remarquable du maître des lieux. Il est capable, notamment, de saisir et reformuler en quelques mots la pensée développée par les intervenants, et  il possède, visiblement, une grande culture qui lui permet de s’exprimer de façon pertinente sur l’ensemble des sujets abordés. Cela tranche notablement avec la majorité du personnel politique en place aujourd’hui, toutes tendances confondues !

Je ne peux m’empêcher d’être étonné à chaque fois, de l’existence de ce genre de manifestation qui procède de ce que l’on peut appeler l’éducation populaire. Ouverte à tous, elle permet aux citoyens qui s’en donnent la peine, de côtoyer ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont des responsabilités. Certes, il y a du beau monde dans l’assistance (j’ai reconnu, entre autres, Bernard Cassen, Jacques Nikonoff ou Marie-France Garaud) mais il y aussi des clampins comme moi. J’y vois un signe que nous sommes, malgré tout, encore en démocratie, et que le débat entre le "peuple" et les "dirigeants" peut réellement avoir lieu si l’on se donne la peine de l’organiser (même si l’on peut regretter que le temps consacré aux questions du public soit relativement court).

Pour en revenir au dernier colloque, Jacques Sapir, Jean-Luc Gréau se sont exprimés au micro tandis que l’intervention d’Hakim El Karoui, absent, était lue à la tribune. Les interventions étaient tout à fait intéressantes et fournissaient l’occasion de revoir un certain nombre d’idées. Elles constituaient une sorte de révision des connaissances acquises, mais rien de bien nouveau pour ceux qui, comme moi, sont des convertis aux concepts du protectionnisme. Le plus intéressant était indéniablement l’intervention de Jean Marc Daniel, professeur d’économie se revendiquant ouvertement libéral et partisan du libre-échange. Je ne prétendrai pas avoir tout compris de son exposé ni même être d’accord avec tout ce qu’il a dit (quand je l’ai compris), mais j’ai trouvé tout à fait remarquable qu’on lui ait donné - et qu’il l’ait acceptée - l’occasion de s’exprimer dans un tel contexte pas franchement favorable (même si loin d’être hostile… nous étions entre gens bien élevés). Faute de temps, le débat n’a pas forcément été aussi poussé que l’on aurait pu le souhaiter mais il a eu lieu. Et il me donne l’occasion de répondre à la question posée dans le titre de ce billet : oui, il faut fréquenter les économistes libéraux et organiser la confrontation des idées. C’est la seule façon d’éviter de tourner en rond entre gens qui partagent les mêmes opinions.  En économie, plus encore que nulle part ailleurs, le débat est nécessaire tant aucune théorie ne peut s’imposer de façon définitive. Le but ne doit certes pas être de chercher à convertir  à tout prix son interlocuteur, mais d’affiner son système de pensée en le soumettant à une critique sans concession mais honnête et constructive.

Au début de son exposé, Jean-Marc Daniel a dit quelque chose comme, si je ne me trompe pas : « la consommation est le but et non le moyen de la croissance ». Je dois avouer que cela a déclenché en moi un profond intérêt. J’ai toujours été gêné par cette idée que la croissance était une fin en soi. Envisager qu’elle ne soit que le moyen de permettre la consommation, c'est-à-dire, si je comprends bien, la satisfaction des besoins, me parait beaucoup plus séduisant et porteur de sens.
Malgré tous mes efforts, je n’ai pas encore acquis les compétences me permettant de creuser cette notion à la seule force de mon petit cerveau musclé. Je vais donc voir si je trouve plus d’éléments sur le blog du professeur de l’ESCP. Il a indiqué, en quittant la réunion, qu’il était facilement joignable sur internet. J’espère que ce ne sont pas des paroles en l’air et qu’il répondra aux éventuelles questions que je serai amené à lui poser. Car en effet, j’ai la ferme intention de fréquenter un économiste libéral !