Les économistes libéraux sont-ils fréquentables ?
Par RST le mardi, 28 avril 2009, 21:50 - Macroéconomie - Lien permanent
J’ai donc assisté au colloque de la fondation RES PUBLICA qui s’est tenu le 27 mars, intitulé "Crise du libre-échange mondial : comment en sortir ?". Je n’ai pas l’intention de résumer les débats ici, puisque les actes du colloque seront publiés prochainement sur le site. Je me propose simplement de vous faire partager quelques réflexions inspirées par cette réunion.
Ce n’est pas la première fois que j’assiste aux colloques proposés par Jean-Pierre Chevènement et sa fondation. J’ai toujours trouvé qu’ils étaient de haute tenue, grâce à la diversité et à la qualité des intervenants (j’ai pu ainsi, par le passé, écouter des gens comme Henri Guaino ou Christian Noyer) mais aussi à l’intelligence remarquable du maître des lieux. Il est capable, notamment, de saisir et reformuler en quelques mots la pensée développée par les intervenants, et il possède, visiblement, une grande culture qui lui permet de s’exprimer de façon pertinente sur l’ensemble des sujets abordés. Cela tranche notablement avec la majorité du personnel politique en place aujourd’hui, toutes tendances confondues !
Je ne peux m’empêcher d’être
étonné à chaque fois, de l’existence de ce genre de manifestation qui procède
de ce que l’on peut appeler l’éducation populaire. Ouverte à tous, elle permet
aux citoyens qui s’en donnent la peine, de côtoyer ceux qui, d’une manière ou d’une
autre, ont des responsabilités. Certes, il y a du beau monde dans l’assistance
(j’ai reconnu, entre autres, Bernard Cassen, Jacques Nikonoff ou Marie-France
Garaud) mais il y aussi des clampins comme moi. J’y vois un signe que nous
sommes, malgré tout, encore en démocratie, et que le débat entre le
"peuple" et les "dirigeants" peut réellement avoir lieu si
l’on se donne la peine de l’organiser (même si l’on peut regretter que le temps
consacré aux questions du public soit relativement court).
Pour en revenir au dernier
colloque, Jacques Sapir, Jean-Luc Gréau se sont exprimés au micro tandis que
l’intervention d’Hakim El Karoui, absent, était lue à la tribune. Les
interventions étaient tout à fait intéressantes et fournissaient l’occasion de
revoir un certain nombre d’idées. Elles constituaient une sorte de révision des
connaissances acquises, mais rien de bien nouveau pour ceux qui, comme moi,
sont des convertis aux concepts du protectionnisme. Le plus intéressant était
indéniablement l’intervention de Jean
Marc Daniel, professeur d’économie se revendiquant ouvertement libéral et
partisan du libre-échange. Je ne prétendrai pas avoir tout compris de son
exposé ni même être d’accord avec tout ce qu’il a dit (quand je l’ai compris),
mais j’ai trouvé tout à fait remarquable qu’on lui ait donné - et qu’il l’ait
acceptée - l’occasion de s’exprimer dans un tel contexte pas franchement favorable
(même si loin d’être hostile… nous étions entre gens bien élevés). Faute de
temps, le débat n’a pas forcément été aussi poussé que l’on aurait pu le
souhaiter mais il a eu lieu. Et il me donne l’occasion de répondre à la
question posée dans le titre de ce billet : oui, il faut fréquenter les
économistes libéraux et organiser la confrontation des idées. C’est la seule
façon d’éviter de tourner en rond entre gens qui partagent les mêmes opinions. En économie, plus encore que nulle part
ailleurs, le débat est nécessaire tant aucune théorie ne peut s’imposer de
façon définitive. Le but ne doit certes pas être de chercher à convertir à tout prix son
interlocuteur, mais d’affiner son système de pensée en le soumettant à une
critique sans concession mais honnête et constructive.
Au début de son exposé, Jean-Marc
Daniel a dit quelque chose comme, si je ne me trompe pas : « la consommation est le but et non le moyen
de la croissance ». Je dois avouer que cela a déclenché en moi un
profond intérêt. J’ai toujours été gêné par cette idée que la croissance était
une fin en soi. Envisager qu’elle ne soit que le moyen de permettre la
consommation, c'est-à-dire, si je comprends bien, la satisfaction des besoins,
me parait beaucoup plus séduisant et porteur de sens.
Malgré tous mes efforts, je n’ai
pas encore acquis les compétences me permettant de creuser cette notion à la
seule force de mon petit cerveau musclé. Je vais donc voir si je trouve plus
d’éléments sur le blog du professeur de l’ESCP. Il a indiqué, en quittant la réunion,
qu’il était facilement joignable sur internet. J’espère que ce ne sont pas des
paroles en l’air et qu’il répondra aux éventuelles questions que je serai amené
à lui poser. Car en effet, j’ai la ferme intention de fréquenter un économiste
libéral !