Je suis bien conscient qu’il ne faut pas accorder plus d’importance qu’il n’en a, à ce genre de "micro trottoir". Mais tout de même, cela donne, qu’on le veuille ou non, une indication sur la manière dont est perçu le général De Gaulle. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à mon grand étonnement, elle n’est visiblement pas bonne !

Je passe rapidement sur les réponses à la limite de la caricature de l’étudiante, pour qui il incarne « une période sans liberté pour la jeunesse », et du musicien, qui n’y voit qu’ « un passage pénible du programme d’histoire au lycée ». Je ne m’attarde pas non plus sur l’étudiant qui lui reconnait quand même le mérite d’avoir stoppé la guerre d’Algérie et admet que « c’est difficile d’en faire un personnage totalement mauvais ». A ce stade, nous ne pouvons pas échapper au triste constat, que plus de la moitié des personnes interrogées a une image négative du Général. On essaye alors de se rassurer, en se disant que tous ne la partagent pas. Effectivement, deux jeunes y voient un héros de la Deuxième Guerre mondiale qui a libéré la France et … c’est tout !!! Pas un mot sur l’Homme Politique, le fondateur de la Vème République, le père de nos institutions,  le garant de notre indépendance ! Faut-il alors s’étonner de la médiocrité abyssale de notre personnel politique actuel ? Comment peut-on espérer autre chose que des Sarkozy, Lefebvre, Besson ou Morano, si nous ne faisons pas en sorte que notre jeunesse connaisse son Histoire ? Comment envisager d’être gouvernés dignement si  l’action et les valeurs, plus que jamais d’actualité, d’un homme comme De Gaulle ne sont pas connues des forces vives de la nation ? L’enseignement prodigué par la République est-il si mal en point, qu’il est apparemment dans l’incapacité de transmettre les connaissances  fondamentales permettant aux citoyens de réaliser ce qu’ils doivent à ceux qui ont fait la France ?

Compte tenu de ce qui précède, il est légitime, en accord avec le principe de réalisme cher au Général, de s’interroger sur la pertinence, pour quelqu’un comme Nicolas Dupont-Aignan, de revendiquer aussi ouvertement son attachement au Gaullisme. N’y a-t-il pas là, le risque de brouiller le message, de ne pas être compris, notamment par la jeunesse, qui verrait en lui une sorte de passéiste accroché à une vision vieillotte de la France ? Sans se renier en aucune façon et même si cela peut être ressenti douloureusement, ne faudrait-il pas, tout en conservant les valeurs du Gaullisme, en abandonner les références trop visibles, afin d’être en mesure d’incarner l’avenir et de proposer une alternative crédible face à l’UMPS UMP et au PS ?


Une petite citation pour finir, tiré d’un texte de Guy Konopnicki publié sur Marianne2, intitulé "Un anniversaire oublié, le départ du Général" : "L’anti-gaullisme haineux a toujours été de droite"