De l’utilité des blogs économiques francophones dans la diffusion de la culture économique chez le bon peuple de France
Par RST le vendredi, 23 janvier 2009, 17:17 - Polémique - Lien permanent
A partir de l’analyse critique du contenu et du fonctionnement du blog d’ éconoclaste, je me propose de montrer que si, comme beaucoup le font (ici sur Marianne2 et là sur Alternatives Economiques), on le considère comme une référence en matière de blog économique francophone, on comprend mieux pourquoi on pourra, pendant longtemps encore, reprocher aux français leur manque de culture dans ce domaine.
Mais depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et les vedettes de l’économie-spectacle me sont apparues pour ce qu’elles sont réellement : de simples blogueurs en mal de célébrité.
Avant de continuer, je dois vous faire un aveu : je vais en profiter pour me venger, ce qui ne procède pas de la charité chrétienne j’en conviens, mais constitue une étape primordiale dans la thérapie que j’ai entreprise. Car je dois me reconstruire après l’humiliation ressentie lors de mon passage sur leur blog l’été dernier. Dans un élan empli d’une grande naïveté, je m’étais aventuré à demander sur le forum leur opinion sur un livre ("La dette publique, une affaire rentable") pour profiter de l’expertise de ceux que je croyais en mission sur Internet afin de réconcilier les ignares comme moi avec l’économie. Leur slogan n’est-il pas : "L’économie pour les nuls et les autres" ? Ne revendiquent-ils pas, je cite,"(…) pouvoir contribuer modestement à la culture économique des citoyens qui se perdront un jour chez nous (…)". Grave erreur, en vérité car là n’est absolument pas (ou plus ?) leur vocation. Comme l’a écrit S.Ménia dans un post rageur : "Et non, ceci n'est pas un site participatif, on se fout des citoyens"
Le débat sur le livre centré sur la création monétaire a vite tourné au lynchage, A.Delaigue descendant le bouquin en flamme sans même l’avoir lu et S.Ménia me menaçant en permanence de censure au prétexte que je ne comprenais pas assez vite. Résultat des courses, j’ai été prié de vider les lieux comme un vulgaire troll et le sujet a été entièrement supprimé bien qu’il ait battu tous les records d’audience (voir en annexe ci-dessous une partie du forum sauvegardé.) Au-delà de la question du mépris que cela représente pour tous ceux qui avaient participé au débat, on peut légitimement s’interroger sur leur conception de la liberté d’expression…
J’ai signalé plus haut que leur vocation avait peut-être changée au cours du temps. C’est "Schumpeter" sur Marianne2.fr (commentaire n° 30) qui tente d’expliquer ce qui a mal tourné chez eux: "(…) il est regrettable que leur blog se soit éloigné de son objectif premier à savoir apporter les bases de l'économie à ceux qui s'intéressent à cette discipline qui compte presque autant d'écoles de pensée que d'économistes. Il y a qq années, leur blog était uniquement alimenté de critiques de livres sans véhémence, tjs avec tact et de définitions de termes économiques. Mais le succès faisant tourner la tête (c'est humain après tout), ils se sont mis à être plus virulents dans leurs critiques, en sont venus à des attaques personnelles."
Car en fin de compte, on se rend rapidement compte que les blogs comme celui d’éconoclaste ne sont pas fait pour expliquer l'économie et ses phénomènes au péquin moyen. Ils sont faits par des "économistes" pour des "économistes" avec un but précis : acquérir une certaine notoriété. Les empêcheurs de discuter en rond ne sont pas les bienvenus. C’est naturellement leur droit le plus strict mais alors qu’ils ne revendiquent pas, comme le fait S.Ménia de faire, je cite, de "l’économie vulgarisée".
Les nombreuses performances médiatiques récentes de nos deux compères sont là pour attester que le seul et unique but recherché par ces messieurs est la célébrité. En toute théorie, il n’y a assurément aucun mal à cela, je vous l’accorde. Je dis en toute théorie car dans la pratique, cela les amène visiblement à ne pas être très regardant sur les moyens et à faire abstraction d’un minimum de professionnalisme. Ainsi, A.Delaigue n’a visiblement pas hésité une seconde à accepter l’invitation de l’émission Arrêts sur Image consacré à un film sur la création monétaire circulant sur Internet alors que, comme il l’avoue lui-même, il n’y connaît rien. Je cite : "J'aimerai savoir pourquoi un sujet aussi ennuyeux que la monnaie suscite ce genre de délires. Je crois que je mourrais ignorant." S.Ménia, lui, reconnaît participer à des émissions de radio sans en connaître le thème exact. Et il trouve cela très drôle.
Et par pitié, que l’on nous évite, pour seule réponse à ce questionnement légitime, les jérémiades paranoïaques du genre "Avez-vous lu ce putain de site que nous maintenons depuis 10 ans ?" utilisé lors d’une réponse à un commentateur critique et qui ne justifie strictement rien. Personne ne les oblige à faire ce qu’ils font. Ou encore les justifications du type "Qui parlait de Krugman à tout le monde il y a dix ans ? " Je m’en cogne un peu de Krugman, moi monsieur. Je suis français, moi monsieur. Il n’y a donc pas d’économistes dignes de ce nom en France ? Justement parlons en des Français.
Les éconoclastes n’ont pas aimé (sacrilège suprême !) L’illusion Economique d’Emmanuel Todd qui, prennent-ils la peine de préciser, n’est pas économiste de formation et surtout, qui est un paresseux. Ce que l’on retiendra surtout de la critique du sieur Stéphane, c’est qu’il n’a tout simplement rien compris au bouquin. Et plutôt que de faire l’effort intellectuel d’assimiler le propos pour en faire une critique constructive, il rejette l’ensemble, du ton dédaigneux qui est le sien, car enfin, rendez-vous compte, ce Todd, il n’est même pas économiste …. Mais ils flinguent aussi des gens comme J.Sapir dont, disent-ils, "l'aveuglement idéologique est tel qu'il en vient à sombrer dans les plus complètes aberration ". Et pas une note sur J.Généreux, D.Plihon ou J.L.Gréau quand certains comme D.Cohen ont eu droit à 5 ou 6 chroniques. Cherchez l’erreur ….
A
leur crédit, je dois cependant leur reconnaître une certaine lucidité. Ainsi
cet été, après m’avoir très rapidement traité de farfelu au prétexte que je ne
comprenais pas assez vite, reproché de chercher à faire de la promo (en plein
mois d’août ?), conseillé d’étudier l’économie du Zim
Poussé par un certain penchant masochiste, j’ai cependant continué à parcourir leur prose récente pour constater que leur principal mode de fonctionnement est la citation d’articles de la presse anglo-saxonne sans réelle valeur ajoutée, et leur fond de commerce l’ironie, le second degré, la "private joke" pour spécialistes érigée en subtilité suprême. Ils ne vont pas jusqu’à parler latin mais certains de leurs commentateurs habituels le font comme par, ici. Ca ne vous évoque rien ? Molière ? Les médecins ?
Si vous cherchez des explications claires et argumentées sur la crise, passez votre chemin (et lisez plutôt le dernier bouquin de F.Lordon), vous n’en trouverez pas vraiment. Ainsi, un schéma sur la crise digne d’intérêt selon eux (même si franchement ce n’est pas très clair pour un profane) est cité tel quel. On aurait aimé quelques explications supplémentaires de leur part sur par exemple (au hasard) comment la baisse des salaires (conséquence directe du libre échange et de la pression actionnariale) a forcé à l’endettement les ménages pour assurer les débouchés à la production.
Ils ont aussi un fâcheux penchant à très souvent présenter les choses d’une manière abusivement utilitariste comme ici, ce qui a entrainé la réponse immédiate de l’économiste cité : "Et le post que vous citez est à mes yeux exactement le genre d’imposture intellectuelle qui discrédite l’économie dans le débat public, quand on la présente comme une machine à redresser les torts des ignorants." Tout est dit.
Et je ne m’étendrai pas sur le titre racoleur de leur bouquin que je n’ai pas lu et que je m’abstiendrai donc de critiquer…
J’attends toujours le blog généraliste qui expliquera au grand public de façon claire les mécanismes économiques dont on nous rebat les oreilles dans la presse pour justifier les choix politiques sans en donner un commencement de début d’explication.
Frédéric, Jacques, Dominique, Jacques (un autre) si vous nous lisez ….