C’est dans son oeuvre "Les Thibault", vaste fresque romanesque que l’on peut lire cette description :

« Prend le déplacement pour l’activité, et son activité incohérente pour du travail. Prend la hauteur du verbe pour un argument rationnel. Et le ton péremptoire pour un signe d’autorité, de compétence. Dans la conversation, prend le détail anecdotique pour une idée générale. En politique, prend l’absence de générosité pour du réalisme intelligent. Prend sa bonne santé pour du cran, et la satisfaction de ses appétits pour une philosophie de la vie. »

Il décrivait en fait un député, "beau spécimen de la fébrilité moderne !" mais il est extraordinaire de constater à quel point cela s’applique à l’actuel locataire de l’Elysée.

Plus loin, on peut lire ceci :

« (…) pour avoir la révélation de leur nature intime, ce ne serait pas dans le comportement habituel des êtres qu’il faudrait chercher, mais bien dans des actes imprévus, d’apparence mal explicables, scandaleux quelquefois, qui leur échappent. »

On a alors le choix dans la multitude d’actes irrationnels et déplacés commis par l’actuel  Président de la République, mais celui qui vient spontanément à l’esprit c’est l’épisode désormais célèbre conclu par le  fameux "casse-toi pauvre con" qui devrait passer à la postérité, de la même manière que le mot de Cambronne l’a fait.

Plusieurs décennies se sont écoulées depuis la parution de cette œuvre magistrale qui, à travers les divers personnages dont on suit les  destinées, met si bien à nu l’âme humaine et ses tourments. Et pourtant elle reste terriblement d’actualité. La description du combat que livre une poignée d’idéalistes face au capitalisme et au mur de l’argent qu’il dresse devant lui pourrait avoir pour cadre ce début de XXIème siècle. L’épilogue a été tragique et la boucherie de la Première Guerre mondiale n’a pas servi de leçon aux générations qui ont suivi.

On le sait, l'histoire ne se répète pas … elle bégaie !