Cher journal,
Ce n’est pas sans émotion que je
m’apprête à te quitter définitivement après tant d’années. C’est donc décidé,
je ne t’achèterai plus tous les jours comme j’avais pris l’habitude de le
faire. Je te lirai peut-être encore, à l’aéroport par exemple, gracieusement
offert par Air France mais ce sera tout. La coupe est pleine, tu as trop joué
avec mes nerfs, trop provoqué mon indignation, tu es allé trop loin…
Je ne me souviens plus exactement
de quand date notre première rencontre mais nous avons du faire le chemin ensemble
pendant pas loin d’une dizaine d’années. A l’époque, tu avais détrôné
Libération qui m’accompagnait jusqu’alors. Je me souviens même qu’ayant passé
plus d’un an à l’étranger durant cette période, j’avais pris l’habitude de
t’acheter occasionnellement sur Internet. J’appréciais chez toi une certaine objectivité dans le traitement
de l’information. Tu étais souvent repris par tes confrères notamment à la
radio, preuve sans doute que tu étais à la pointe de l’information. Je n’ai pas
le souvenir d’avoir été déçu en allant voir une pièce de théâtre, par toi
recommandée, bien au contraire.