Quand le jour d'après ne ressemble à rien
Par RST le vendredi, 8 décembre 2017, 21:15 - Macroéconomie - Lien permanent
Je n’arrive toujours
pas à y croire. J’ai assisté récemment à la conférence la plus
inintéressante à laquelle il m’ait été donné d’assister ces
dernières années. Pourtant, l’affiche était alléchante. Le
sujet d’abord : « Le
Jour d’après - Vers un nouveau paradigme économique et
énergétique » ; les intervenants ensuite : Olivier
Delamarche, Pierre Sabatier et Nicolas Meilhan membres de « Les
Econonclastes » dont l’un des plus célèbres représentants
n’est autre qu’Olivier Berruyer ; le cadre et le public enfin :
500 personnes dans les magnifiques locaux de l’Ecole Militaire en
plein cœur de Paris. On nous promettait de « décrypter la
situation économique actuelle », de « tracer les
différents scénarii qui pourraient en découler » et
aussi, de « s’intéresser à la dépendance de nos
économies au pétrole avant de se projeter dans l’après-pétrole. »
On n’a eu droit dans la première partie de la conférence qu’à
une suite sans queue ni tête de propos confus et décousus, la
deuxième partie sauvant ce qui pouvait l’être du naufrage, sans
toutefois ne jamais vraiment dépasser le stade de l’alignement de
chiffres et de courbes.
Je n’ai pas le courage de visionner la vidéo qui a été réalisée de cette conférence. Ce serait pourtant un moyen d’arriver à comprendre comment, à partir d’une pseudo analyse des liens entre démographie et croissance et de la condamnation sans appel – et sans vraiment d’explication – du modèle Japonais, on en arrive à conclure brutalement – la dernière diapositive arrivant comme un cheveu sur la soupe – que la solution à tous nos problèmes – dont on n’a pas vraiment compris la nature – consiste à « réguler », « diversifier » et « mettre en place une politique de cohésion territoriale » (sic).
Arrivé à ce stade de la conférence, on se demande si nos deux premiers intervenants ont péché par excès d’orgueil – leur seule présence devant enthousiasmer les foules – ou par manque flagrant de préparation. Je n’ose imaginer que ce soit par incompétence, même si certains des clichés utilisés – et que ne renieraient pas les plus éminents des économistes orthodoxes – peuvent amener à se poser la question. Ainsi de l’affirmation d’Olivier Delamarche que la monnaie n’est en définitive qu’un intermédiaire – des décennies d’aveuglement théorique sont contenues dans cette conception du rôle de la monnaie – ou de celle de Pierre Sabatier selon laquelle nos enfants hériteront de nos dettes, argument bien connu, entonné par toux ceux qui, tout obnubilés qu’ils sont à faire peur, oublient opportunément de mentionner que nos enfants hériteront aussi des investissements réalisés et certains privilégiés, soyons cyniques, des titres de cette dette tant décriée.
Nicolas Meilhan a donc sauvé en partie cette soirée qui avait commencé de la plus mauvaise des manières. Et je ne dis pas ça seulement parce qu’il a fait référence à Jean-Marc Jancovici ou Gaël Giraud. Son exposé était construit, il maitrisait son sujet et son humour pince-sans-rire a déclenché quelques franches rigolades. Je retiendrai de sa prestation qu’en matière d’énergie, 90% du temps le débat tourne autour de choses qui ne représentent que 2% de la réalité et que nous ne nous en sortirons qu’en réapprenant à jouer collectif.
Le grand plaisir d’avoir eu l’occasion de saluer Olivier Berruyer et le bonheur d’être accompagné par deux jeunes personnes qui me tiennent à cœur font que je ne regrette pas cette sortie parisienne même si son objet est à oublier très vite.