Il y a une première façon de faire qui est de mettre l’économie sous perfusion de dette afin de créer une croissance artificielle. Mais ce n’est bien sûr pas une solution pérenne. C’est ce que nous vivons actuellement en Europe dans un contexte de contraction énergétique due à la diminution des quantités d’énergie fossile disponibles. Car c’est une réalité bien connue des ingénieurs mais souvent pas bien comprise des économistes : la production industrielle est une affaire de transformation de ressources naturelles et notamment du fameux or noir et de ses dérivés. Depuis les années 80, le PIB par personne en moyenne mondiale varie très exactement comme la production mondiale de pétrole en volume. Et donc, si sa production diminue, le PIB en fait de même entrainant la récession tant redoutée.

Reconnaissons-le tout de suite : s’il identifie clairement le danger, Jancovici ne propose pas de solution toute faite si ce n’est de nous organiser pour nous habituer à vivre avec un peu moins de confort matériel, sans pour autant retourner au Moyen-Age, « de passer d’un état de contraction subie à un état de stabilité géré ». Le défi est immense et suppose une réelle prise de conscience que les problèmes sérieux sont déjà là. Ils n’ont pas attendu l’élévation de température prévue à l’horizon 2100 pour surgir. Les fameux printemps arabes sont la conséquence directe des famines provoquées par le dérèglement climatique actuellement à l’œuvre. Et lutter contre ce dernier nécessite d’être efficace c’est-à-dire de privilégier l’utilisation de l’atome. Ce n’est pas ce qu’a fait l’Allemagne, si souvent citée en exemple, qui a substitué au nucléaire les énergies renouvelables (éolien, solaire, …) sans changé d’un iota ses émissions de CO2 dues aux énergies fossiles.  L’incompréhension de l’auteur quant aux motivations de nos cousins germains à ce sujet est totale : « L’histoire devra juger pourquoi nos voisins ont préféré diminuer le recours à une énergie qui présente des risques qui restent minimes et localisés, au profit d’une énergie [le charbon] qui, via ses émissions de CO2, contribue à … ». La liste est trop longue qui va des sécheresses en passant par la propagation des maladies et la destruction d’écosystème ! Cet inventaire des conséquences néfastes de l’utilisation du charbon illustre parfaitement la nécessité d’en faire définitivement « une énergie du passé » alors qu’«il est devenu, pour notre plus grand malheur, celle dont l’essor actuel est le plus important ». N’en déplaise d’ailleurs aux écologistes qui rêvent eux de faire du nucléaire, une énergie du passé. Et l’un des arguments qu’ils mettent souvent en avant est le problème des déchets.  Or nous dit Jancovici, des déchets de ce type il y en a déjà eu suite à des fissions naturelles et cela n’a pas posé de problème. Il suffit de les confiner correctement.  Vaste débat en perspective. Et qui décide in fine de ce que l’on fait ? Dans une démocratie, normalement c’est le peuple – correctement informé par les experts. Mais la démocratie est-elle compatible avec un monde aux ressources finies ? Poser cette question, c’est laisser en partie entrevoir ce que pourrait être une réponse à la question initiale contenue dans le titre de ce texte et ce n’est pas forcément très réjouissant !

Pour ne pas finir sur une note trop pessimiste, et même si ce n’est visiblement pas l’option retenue par Jancovici qui constate qu’Internet n’a pas provoqué la dématérialisation de l’économie promise par certains, ne pouvons-nous pas espérer que la science nous apporte à terme des solutions ? Je crois que je vais relire  Jeremy Rifkin…