« Face à la crise grecque, les gouvernements européens ont choisi de ne pas s’attaquer à la liberté des marchés. Cela explique à la fois l'absurdité apparente et la logique effective de leur comportement. L’absurdité, est de loin la plus flagrante : les gouvernements  installent des institutions et des règles qui leur interdisent d'intervenir efficacement en cas d’attaque spéculative massive contre leurs titres de dettes; mais le jour où cette attaque est engagée, ils prétendent néanmoins la combattre avec tous les handicaps inhérents aux interdits qu'ils se sont eux-mêmes imposés! Ils veulent la tutelle des marchés financiers, pour empêcher leurs partenaires de creuser trop leurs déficits publics; tels des collégiens néophytes en économie, ils semblent découvrir que cette tutelle n'empêche aucune catastrophe financière, car elle intervient forcément après que les excès ont eu lieu; ils prennent soudain conscience qu'en laissant faire les marchés ils subiront tout des effets systémiques négatifs; ils sont donc obligés d'agir pour contrer ces effets,  dans un cadre qu'ils avaient conçu pour s'interdire d'intervenir; ils doivent alors engager des négociations délicates et imaginer des mécanismes complexes pour contourner les traités et monter un « plan de sauvetage » de la zone euro; ce long délai pris pour se résoudre à intervenir est précisément ce qui nourrit les attaques spéculatives contre la dette publique et rallonge la facture à payer pour stopper ces dernières; et, pour finir, leur plan de sauvetage n'impose aucune contrainte aux spéculateurs et alourdit seulement les charges publiques dont l'excès était suppose être la cause du mal! D'un point de vue strictement économique, et de bout en bout, la conduite de cette affaire baigne en pleine irrationalité. »