Y a-t-il crédit et crédit ?

Nous avons vu que les banques secondaires pouvaient créer de la monnaie en accordant des crédits et qu’elles étaient soumises de ce point de vue à des contraintes de disponibilité de monnaie centrale. Nous avons vu aussi que les fonds épargnés pouvaient être reprêtés et donner ainsi naissance à des crédits sans création monétaire. Il y a donc des crédits qui créent de la monnaie et d’autres qui n’en créent pas. Comment les reconnaît-on ? La réponse est qu’il n’est nul besoin de les reconnaître. En effet les organismes prêteurs passent leurs écritures comptables de la même manière dans les deux cas. Pour l’organisme non bancaire, pas de problème. Il ne peut avoir de dépôts, il ne génère donc jamais de monnaie, il ne prête que l’argent qu’on a placé chez lui. Quant à la banque secondaire, les opérations d’épargne et de prêt sont nettement dissociées. Elle accorde des crédits d’une part et accueille de l’épargne d’autre part. En général les crédits accordés dépassent l’épargne collectée, de sorte que pour cet excédent il y a création monétaire, qui entraîne un gonflement des comptes courants et des demandes de billets. La banque constate ces évolutions, et elle ajuste ses réserves obligatoires et son refinancement pour y faire face.

(…) la création monétaire apparaît comme un résultat constaté a posteriori. Qui plus est, la banque ne constate cette création qu’indirectement par l’accroissement des demandes de billets et des dépôts, qui entraîne également un accroissement du besoin de réserves obligatoires. Le banquier n’a donc pas une vision directe de la création monétaire qu’il induit, et, à la limite, peut ne pas en être conscient. Cette attitude est d’autant plus vraisemblable que l’encourt de crédit est à 80 % financé par l’épargne et seulement à 20 % par la création monétaire (ce pourcentage moyen étant d’ailleurs très variable en fonction du caractère plus ou moins marqué de "banque de dépôt").