Mais qu’est donc le Grand Emprunt devenu (2/2) ?
Par RST le mardi, 17 mai 2011, 19:14 - Macroéconomie - Lien permanent
Après avoir tenté dans l’article
précédent de faire l’état des lieux du Grand Emprunt, je vous propose de passer
en revue certains points qui peuvent être sujet à discussion. Invités à donner
leur avis sur les principes tels qu’exposés par P.Bouyoux, ni J.L. Gaffard ni P.Askenazy
n’ont rien trouvé de vraiment significatif à reprocher. Je m’attendais, je
l’avoue, de la part de ce dernier, membre éminent des économistes atterrés,
à un peu plus de pugnacité. Le fait,
signalé par Askenazy lui-même, qu’il travaille dans un laboratoire sélectionné
pour bénéficier des investissements d’avenir a-t-il pu l’inciter, même
inconsciemment à tempérer ses critiques éventuelles ? J’avais, en ce qui
me concerne, un point majeur à soulever. J’ai eu l’occasion de le faire mais je dois hélas
reconnaitre que je n’ai pas été très performant en formulant ma question.
J’ai en effet demandé à P.Bouyoux ce qu’il pensait de la proposition d’Alain Grandjean qui fut membre de la commission, d’investir 700 milliards sur 10 ans en faisant appel à la création monétaire. Le rapporteur général a immédiatement reconnu la proposition de la Fondation Nicolas Hulot. Il a répondu dans le détail en ce qui concerne le montant, expliquant qu’on ne parlait pas de la même chose et mettant en avant des possibles effets d’aubaine ou la capacité d’absorption de l’économie. Mais pas un mot sur le mode de financement, la fameuse planche à billets, qui était bien entendu, dans mon esprit, le seul sujet important. J’aurais du axer ma question uniquement sur cet aspect là si je voulais réellement avoir une réponse. Il est probable néanmoins que P.Bouyoux, en supposant qu’il ne rejette pas purement et simplement un tel mécanisme, se serait réfugié derrière les traités qui interdisent ce genre de solutions.
Les montants nécessaires seront donc obtenus en faisant appel aux marchés, aggravant un peu plus l’endettement de la France. Et même les sommes regroupées sous la dénomination "dotations non consomptibles" qui, si j’ai bien compris, ne seront pas dépensées mais donneront lieu à versement par le Trésor d’intérêts (à un taux défini de 3,45 % sauf erreur de ma part) aux bénéficiaires de ces fonds, engendreront donc une charge pour l’Etat. C’est ce que confirme le Député Jérôme Cahuzac à travers la question, restée apparemment sans réponse, qu’il pose sur le sujet lors de la séance de la Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire du 26 janvier 2010.
Le dernier point que je voudrais traiter a aussi fait l’objet d’une question lors de la séance du 26 janvier par la Députée Chantal Brunel ainsi que lors de la conférence, par un participant dans la salle. Il s’agit de la mise en en place d’une nouvelle administration pour gérer ce que certains députés ont qualifié d’usine à gaz, alors qu’il aurait peut-être été possible de s’appuyer sur les ressources existantes. A cette question, P.Bouyoux a répondu en indiquant qu’il y aurait à peine une trentaine de personnes dans la nouvelle structure… y compris les chauffeurs ! Je ne sais pas s’il a noté les sourires moqueurs qui sont apparus sur les visages des autres intervenants à ce moment là mais il a en tous les cas, donné la preuve éclatante du décalage sidéral existant entre les élites autoproclamées et le peuple. Il faudra qu’il m’explique la nécessité d’avoir des chauffeurs pour gérer le Grand Emprunt !
Enfin, je vous invite à lire l’article déjà ancien mais toujours d’actualité, publié par Ette Rodox dans lequel il s’étonnait du montant conséquent consacré aux universités et dénonçait le mythe de la compétitivité.