A une époque où nous leur faisons porter la responsabilité de tous nos malheurs, n’est-il pas plus que jamais nécessaire de les identifier sans doute possible, si nous voulons les pendre leur demander des comptes ? Faisons donc appel à des spécialistes. Sur le forum d’un blog d’économie très-très-très-connu, j’ai relevé cette définition qui m’a paru au premier abord, surprenante :  "Est économiste une personne qui est reconnue comme telle par ses pairs, le groupe parent étant formé des personnes reconnues comme économistes de manières suffisamment consensuelle, par exemple le groupe des récipiendaires du Prix de la Banque de Suède en mémoire d'Alfred Nobel."  Mon premier reflexe fut de me dire que s’il fallait réunir une assemblée de prix Nobel pour attribuer la qualité d’économiste, cela risquait de poser un certain nombre de problèmes pratiques. Heureusement, une autre alternative était proposée dans la foulée :  "Ergo, je suis économiste puisque reconnu en tant que tel lorsque je présente mon travail dans des journées d'études organisées par des gens qui sont eux-mêmes indiscutablement économistes." Cela semblait donc, au premier abord, plus facile à mettre en œuvre. Mais à la réflexion, ce n’était toujours pas évident puisque, dans le même forum, on nous expliquait aussi que la qualité d’économiste pouvait se perdre. Ainsi "Bernard Maris a été économiste. Il ne l'est plus depuis pas mal de temps. " Or donc, comment s’assurer que l’assemblée d’économistes à qui je présente mon travail afin d’être moi-même adoubé, ne contient que des économistes qui sont toujours des économistes ? Et si j’ai à peu près compris qui décide qui est un économiste, je n’ai pas bien saisi qui décide qui ne l’est plus !

Dans ces conditions, la conclusion s’impose d’elle-même : le Père Noël économiste, ça n’existe pas ! Pour s’en convaincre, il suffit de lire la description qu’en donne John Maynard Keynes:

"Il doit être mathématicien, historien, homme d'Etat, philosophe, à un certain degré. Il doit comprendre les symboles et s'exprimer avec des mots. Il doit saisir le particulier en termes généraux et atteindre l'abstrait et le concret dans le même envol de la pensée. Il doit étudier le présent à la lumière du passé pour les besoins de l'avenir. Aucun aspect de la nature de l'homme et de ses institutions ne doit échapper entièrement à son regard. Il doit être, dans le même mouvement, résolu et désintéressé; aussi distant et incorruptible qu'un artiste, mais parfois aussi terre à terre qu'un politicien"

N’est-ce pas là, la cause de tous nos problèmes ?