D’entrée de jeu, B.Guerrien nous prévient : « les définitions du monétarisme varient d’un auteur à l’autre » ! Il remarque lucidement que cette profusion n’est pas l’apanage des seuls monétaristes puisque les keynésiens aussi se partagent en différentes écoles. Mais ce qui les différencie des monétaristes, selon lui, c’est qu’avec la « Théorie Générale » ils disposent d’un modèle d’ensemble de l’économie qui, certes a été adopté et accommodé au fil du temps mais qui a au moins le mérite d’exister. Rien de tel chez les monétaristes dont les thèses sont éparpillées dans de nombreux articles, sans qu’il n’y ait d’ouvrage de référence.
La base du monétarisme reste néanmoins la théorie quantitative de la monnaie incarnée par la fameuse formule MV=PT dont la validité est bien évidemment largement contestable. Même le principal promoteur du monétarisme, à savoir Milton Friedman, a dû faire appel à beaucoup de créativité pour défendre ses thèses qu’il reconnaissait s’appliquer principalement sur le « long terme » !
Et pourtant, il est indéniable que le monétarisme a suscité un fort engouement. Il y a sans doute plusieurs raisons à cela. La première est peut-être la simplicité de la théorie qui a permis de le vendre au grand public. A cela se rajoute le fait que, comme l’écrit Guerrien, « il n’y a peut-être pas, en économie monétaire, de plus grand écart que celui qui existe entre les praticiens agissant au sein des banques et la majorité des économistes universitaires ». A signaler ici que l’écart ne joue pas toujours dans le sens que l’on pourrait croire puisque l’expérience montre que certains banquiers sont capables de nier le phénomène de création monétaire par les banques commerciales…
Enfin, la raison du succès du monétarisme auprès de certains dirigeants politiques s’explique sans doute par la croyance en la toute-puissance autorégulatrice des marchés, là où les keynésiens revendiquent la nécessité d’une activité régulatrice de la part de l’état. C’est, comme l’écrit Guerrien, bien là que se trouve la ligne de démarcation entre les deux écoles de pensée !