Du monétarisme
Par RST le dimanche, 18 décembre 2016, 12:44 - Macroéconomie - Lien permanent
Dans
un texte précédent, je m’inquiétais d’une possible conversion aux thèses monétaristes,
moi qui m’efforce depuis des années de
devenir un bon keynésien ! C’est en lisant la présentation de Bernard
Guerrien du livre de Nicholas Kaldor, « Le fléau du monétarisme », que
j’ai compris que mes inquiétudes n’étaient pas vraiment fondées tant il semble difficile
en réalité de définir précisément ce qu’est le monétarisme.
D’entrée de jeu, B.Guerrien nous prévient : « les définitions du monétarisme varient d’un
auteur à l’autre » ! Il remarque lucidement que cette profusion n’est
pas l’apanage des seuls monétaristes puisque les keynésiens aussi se partagent
en différentes écoles. Mais ce qui les différencie des monétaristes, selon lui,
c’est qu’avec la « Théorie Générale » ils disposent d’un modèle d’ensemble
de l’économie qui, certes a été adopté et accommodé au fil du temps mais qui a
au moins le mérite d’exister. Rien de tel chez les monétaristes dont les thèses
sont éparpillées dans de nombreux articles, sans qu’il n’y ait d’ouvrage de référence.
La base du monétarisme reste néanmoins la théorie quantitative de la monnaie incarnée
par la fameuse formule MV=PT dont la validité est bien évidemment largement
contestable. Même le principal promoteur du monétarisme, à savoir Milton
Friedman, a dû faire appel à beaucoup de créativité pour défendre ses thèses qu’il
reconnaissait s’appliquer principalement sur le « long terme » !
Et pourtant, il est indéniable que le monétarisme a suscité un fort engouement.
Il y a sans doute plusieurs raisons à cela. La première est peut-être la
simplicité de la théorie qui a permis de le vendre au grand public. A cela se
rajoute le fait que, comme l’écrit Guerrien, « il n’y a peut-être pas, en économie monétaire, de plus grand écart que
celui qui existe entre les praticiens agissant au sein des banques et la
majorité des économistes universitaires ». A signaler ici que l’écart
ne joue pas toujours dans le sens que l’on pourrait croire puisque l’expérience
montre que certains banquiers sont capables de nier le phénomène de création
monétaire par les banques commerciales…
Enfin, la raison du succès du monétarisme auprès de certains
dirigeants politiques s’explique sans doute par la croyance en la toute-puissance
autorégulatrice des marchés, là où les keynésiens revendiquent la nécessité d’une
activité régulatrice de la part de l’état. C’est, comme l’écrit Guerrien, bien
là que se trouve la ligne de démarcation entre les deux écoles de pensée !