« (…) quand on crée un impôt sur les vaches, ce ne sont pas les vaches qui payent l’impôt, quand on crée un impôt sur les sociétés il n’est pas payé par l’entreprise (noeud de contrats, fiction juridique) mais par des gens réels (actionnaires et salariés), donc le bénéficiaire économique/réel n’est pas le bénéficiaire légal/nominal, eh bien, quand on achète un titre public dans une opération de QE, on ne crée pas vraiment de la monnaie directement, et on n’aide pas vraiment les Etats (ou, au moins, ce n’est pas fait pour ça), contrairement à tout ce que l’on nous raconte, notamment du côté de la Bundesbank : ce n’est pas du tout la planche à billets, le bénéficiaire n’est pas celui que l’on croit. Les obligations souveraines achetées par la BCE existaient déjà, elles sont sur le marché secondaire, le marché de la casse, elles ne financent les Etats qu’à l’émission : ensuite c’est un titre à peu près sûr et liquide qui sert d’étalon et d’édredon à un certain nombre d’acteurs (tout le monde ne peut pas détenir que des actions ou du high yield), et la BCE ne crée pas vraiment ainsi de monnaie, en net, en congelant dans son bilan ces titres qu’elle a acheté au prix du marché et qui souvent continuent de verser des coupons. C’est par contrainte de volume qu’elle passe par des titres souverains, les autres marchés sont trop étroits. Mais ce n’est pas là un financement des déficits, ou une aide déguisée, car le but est de stimuler les anticipations d’inflation qui tombaient, autrement dit le but est de faire monter les taux nominaux et de faire baisser les taux réels. »