Des relations entre journalistes et blogueurs
Par RST le samedi, 7 mai 2011, 11:00 - Divers - Lien permanent
Quand on devient, comme moi,
à
l’insu de son plein gré, un blogueur célèbre, il faut assumer les
inconvénients attachés à ce statut, le moindre d’entre eux n’étant pas les
sollicitations incessantes des journalistes. Se pose alors la question, faut-il
coucher ou pas ? traitée à de multiples reprises sur
le net, des rapports ambigus qu’entretiennent ces deux catégories d’individus,
les blogueurs et les journalistes, certains étant d’ailleurs membres des deux
confréries. Je voudrais vous faire partager ici ma toute petite expérience et
vous expliquer pourquoi, globalement, elle fut décevante.
Précisons d’entrée que, je ne
suis pas jaloux de Paul Jorion contrairement
à d’autres, je n’ai jamais revendiqué un quelconque statut et que, par exemple,
je me suis toujours contenté, les quelques fois où mes textes ont pu être
repris, de la seule satisfaction d’être publié sans en attendre aucune autre
sorte de gratification. Qui a dit que
c’est ce que j’avais de mieux à
faire ? @si dans une Ligne Jaune récente, a traité du sujet et, malgré les
tentatives désespérées de l’animateur Guy Birenbaum pour dénoncer les
soi-disant injustices que subiraient les blogueurs, les intervenants sont tombés plus ou moins
d’accord pour dire que ceux qui seraient éventuellement mécontents de leur situation, s’estimant
mal récompensés par les sites avec lesquels ils collaboraient, n’avaient qu’à …
aller voir ailleurs. S’il y avait donc vraisemblablement de quoi faire une
émission, il n’y avait clairement pas la matière à faire tout un foin.
Parmi les innombrables différents
contacts que j’ai pu avoir avec le monde journalistique, il y a cet échange
furtif avec Christian Chavagneux venu réagir à un de mes papiers qui avait été
repris par Marianne 2 et dans lequel j’accusais assez allégrement je l’avoue,
Alternatives Economiques de faire, excusez du peu, l’apologie de la finance de
marchés mondialisée. A mon grand regret, le dialogue que je pensais pouvoir
engager au travers des commentaires a tourné court. Le journaliste n’étant venu
apparemment que pour faire part de son très grand courroux à mon égard, en
partie justifié je l’admets volontiers, a considéré que poursuivre la discussion
comme je l’y invitais n’était pas digne de lui, et ne s’est donc pas donné la
peine de donner suite à mes sollicitations.
J’ai aussi été contacté par
e-mail par un certain Jean-Pierre Pernaut Fred (je ne me sens pas le droit de relever
l’identité de ce journaliste je
réserve cette information pour Wikileaks) qui commença dans un commentaire par
me demander de bien vouloir le contacter, sans plus de précisions. Persuadé que
mon talent était enfin reconnu et qu’une carrière de grand reporter s’offrait à
moi, je m’empressais … de lui demander ce qu’il voulait exactement. Je finis
par comprendre qu’il souhaitait vérifier l’authenticité d’une déclaration de
Patrick Artus que j’avais rapportée dans un article, selon laquelle ce dernier
conseillait la Banque Centrale de Chine. Compte tenu des questions de nature
existentielle posées par le journaliste, je me permettais de m’assurer qu’il
avait seulement lu mon article et notamment les dix premières lignes dans
lesquelles se trouvaient toutes les réponses. Il l’avait visiblement fait… en
travers ! Ces précisions étant apportées, je lui demandais de bien vouloir
me tenir au courant de la suite qu’il donnerait à son enquête en cours
apparemment consacrée aux conflits d'intérêts chez les économistes ce qu’il n’a,
à ce jour, évidemment… pas fait !
Il semble donc bien que, malgré la puissance d’internet et les possibilités offertes de dépasser le clivage des catégories professionnelles ou sociales, le dialogue, voire la coopération entre blogueurs et journalistes ne soit pas à l’ordre du jour. Il est possible que ces derniers ne soient pas rassurés par l’arrivée de ces amateurs venant les concurrencer. J’ai pourtant le sentiment qu’il y aurait de la place pour tout le monde pour peu que les blogueurs y restent, à leur place, et ne s’imaginent pas, parce qu’ils zarive a ecrir troua ligne sen fer de fotes d’ortograf, qu'ils sont devenus les nouveaux Kessel ou autre Hemingway.
Signalons pour terminer, l’exception
à la règle énoncée ci-dessus. Cette exception, c’est Philippe
Cohen. Il fut en fait le premier à me contacter, suite à ce papier où je relatais les propos de P.Artus. Plus
tard, j’ai eu l’occasion d’échanger avec lui par e-mail sur un tout autre
sujet. Il a pris la peine de répondre, me proposant même de rédiger un texte. J’ai
du décliner, le prix proposé ne me convenant pas ne me sentant pas les
compétences nécessaires dans ce cas précis. J’ai gardé de ces brefs échanges l’impression
de quelqu’un d’ouvert et disposé à discuter avec une star de la toile un
modeste blogueur. Il se trouve, ce qui ne gâte rien, que j’apprécie les
articles que je peux lire de lui sur Marianne 2. Il a donc toutes les qualités
requises pour faire … un bon blogueur. Philippe, si tu me lis, qu’est ce que
tu attends pour me publier ?