Cet objectif parait évident de prime abord : analyser précisément la dette afin de permettre de décider le plus efficacement et équitablement possible quelle partie annuler, sachant que le défaut à terme est inévitable. Inévitable et justifié, si l’on considère que la situation est exceptionnelle et due principalement aux excès coupables des principaux acteurs, les banques. Ces dernières ont certes remboursé les aides consenties par l’Etat et prétendent donc ne plus rien lui devoir.  Rappelons simplement  qu’ une partie du déficit public supplémentaire depuis 2008 est directement lié à la crise bancaire qui a  provoqué un resserrement du crédit, obligeant l’État à compenser la moindre activité des banques en soutenant directement l'activité économique et que cette même crise bancaire a provoqué une baisse notable de la croissance économique et donc mécaniquement des recettes de l’État entraînant un creusement supplémentaire des déficits publics.
Le cadre est donc clairement posé : auditons la dette pour décider de la meilleure façon de régler le problème en mettant les banques à contribution. Bien que n’étant pas un spécialiste, je me dis intuitivement  qu’il y a une ou deux choses à rapidement décider pour réaliser cet audit, comme  les moyens à mettre en œuvre et le calendrier des actions à mener avec notamment une date d’émission d’un rapport circonstancié. On trouve certains de ces éléments dans l’inventaire des moyens d’actions définis par le collectif. Mais on y trouve aussi des choses plus surprenantes comme  la création de "comités locaux" ou la coordination avec d’autres "initiatives européennes et internationales pour construire une mobilisation européenne contre la dette et les plans d’austérité". Et l’on se dit qu’il n’y a pas nécessairement besoin de comités locaux ou de coordination européenne pour auditer la dette mais plutôt d’un groupe de travail comprenant des gens motivés avec, si possible, un minimum d’expertise. A moins que l’objectif final ne soit pas celui initialement envisagé ?

C’est le sentiment que j’ai eu en assistant récemment à une réunion organisée par ATTAC sur le sujet avec comme intervenant, l’un des membres de son Conseil Scientifique, par ailleurs membre du comité d'organisation du collectif pour l'audit citoyen de la dette. Il m’est clairement apparu au cours de l’exposé que l’objectif de l’audit était… l’audit lui-même. Le refus d’indiquer le moindre calendrier en prétextant que celui-ci dépendait de l’implication de chacun, les digressions confuses sur l’exercice de la souveraineté (que l’on prend bien soin de ne pas définir) tout en se référant à l’Europe en tant que niveau décisionnel et l’appel à la création de ces fameux comités m’ont fait réaliser que, comme très souvent avec les altermondialistes de gauche, on confond la fin et les moyens. L’action se suffit à elle-même et, finalement, le résultat est secondaire. Nous sommes donc partis pour de longs mois de discussions et de "débats citoyens" qui se solderont vraisemblablement par un résultat nul, sinon inexploitable. La belle et si nécessaire idée de l’audit citoyen de la dette risque de connaitre une fin funeste.