Je suis d’accord avec Jean Tirole : faisons comme la Suède
Par RST le mardi, 9 décembre 2014, 20:02 - Macroéconomie - Lien permanent
Notre tout récent «prix de
la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel »,
Jean Tirole (l’homme qui en janvier 2012 ne voyait pas de crise
mondiale grave !) a récemment
recommandé que la France suive l’exemple de la Suède. Cela peut paraitre
surprenant mais je suis d’accord avec celui que Jean
Gadrey a décrit comme « l’un des
plus brillants représentants de l’économie néolibérale, un des plus fervents
défenseurs de la logique du marché concurrentiel contre les insupportables
interventions étatiques, contre le droit du travail, contre les contraintes
bureaucratiques imposées aux grandes entreprises et aux banques, lesquelles
financent une bonne partie de ses recherches et de son salaire », mais bien évidemment, pas pour les raisons
qu’il avance.
Contrairement à Gentil
Troll Jean Tirole, ce n’est pas parce que la Suède, comme l’Allemagne, a fait
beaucoup de réformes, que je préconise de suivre son exemple mais parce qu’elle
a conservé sa monnaie. Je recommande donc, afin de suivre les prescriptions de
notre gloire nationale, de reprendre le contrôle de notre monnaie. Cela nous
permettra notamment un pilotage bien plus efficace de l’économie à travers un
contrôle des taux d’intérêts et une meilleure maitrise de la dette. En effet,
comme le démontre le néochartalisme, et contrairement à ce que croit la plupart
des gens, dans un pays souverain qui a le contrôle de sa monnaie, ce ne sont pas les
marchés qui décident du taux d’intérêt sur la dette publique mais bien les
dirigeants de sa banque centrale (et donc du pays si celle-ci est contrôlée par
le pouvoir politique) à travers la fixation du taux directeur. Comme l’écrit Jean-Baptiste
Bersac dans «Devises – L’irrésistible émergence de la monnaie » et à qui
j’ai emprunté les graphiques qui suivent : « (…) le taux d’intérêt décidé par la banque centrale (appelé taux
directeur) dirige effectivement le taux d’intérêt exigé par les banques
commerciales entre elles (taux interbancaire) mais aussi, fait primordial, le
taux d’intérêt de la dette publique ». Et plus loin : « L’Etat n’écoute pas à quel taux les
épargnants acceptent de lui prêter, il dicte quel taux de rémunération il veut
concéder à l’épargne qu’il leur a fourni ». Et enfin : « Les marchés sont disciplinés par l’Etat au
point d’être des figurants quant à la dette publique ».
C’est flagrant dans le cas de la Suède justement comme on peut le voir sur le schéma ci-dessous. Le taux de la dette publique suit précisément le taux directeur :
Si vous n’êtes pas convaincus par un seul exemple, on peut vous en proposer
bien d’autres à travers le monde comme, au hasard, les Etats-Unis:
ou encore l’Australie :
et le Japon :
Si tous ces exemples ne suffisent pas, alors je ne peux plus rien faire pour
vous …