Ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres des bouffées délirantes qui semblent s’emparer de l’auteur. On peut aussi mentionner dans le même genre d’idée, la proposition d’une tolérance contrôlée (sic) des clandestins dont on rendra l’entrée sur le territoire si difficile que la récompense, pour ceux qui réussiront malgré tout à passer, sera la régularisation ! Enfin pour conclure sur ce chapitre des propositions imaginées indubitablement sous l’emprise de produits introuvables dans le commerce, citons l’appel répété aux «experts » qui mettront en musique les solutions esquissées et que – je ne vois pas d’autre explication – la fainéantise naturelle de l’auteur pousse visiblement à ne pas détailler plus que ça. Sans oublier l’apothéose, à savoir la recommandation – accrochez-vous, ça va tanguer – de « faire confiance à l’imagination des ingénieurs financiers ».
Et puis il y a les propositions qui pour apparaitre « raisonnables » n’en sont pas moins inacceptables comme la flexibilisation du marché du travail (qui revient à paupériser les salariés), la stimulation de la compétition (qui n’est rien de plus que la guerre de tous contre tous au profit de quelques-uns) ou un plus grand fédéralisme au niveau européen (inenvisageable dans un délai raisonnable).
Mais il y aussi heureusement des suggestions dignes de l’auteur et qui méritent considération comme la taxation du pétrole afin d’assurer que son prix ne passe jamais sous un plancher à fixer entre 80 et 100 dollars par baril, la nécessaire réindustrialisation du pays, la traçabilité généralisée des biens et services ou enfin, la stricte séparation entre les banques commerciales et les institutions financières gérant de l’épargne.
Avant de conclure, le monomaniaque que je suis ne pouvait résister au plaisir de citer in-extenso l’une des propositions faite par Giraud. Il s’agit, vous l’aurez compris de politique monétaire et l’on peut lire ceci : « La création monétaire doit financer de façon régulière les investissements publics et privés […] et de façon irrégulière, à fin de régulation conjoncturelle, la consommation de l’Etat et des ménages. Notons que la santé et la formation sont des investissements et non des dépenses courantes publiques et peuvent donc être financées par création monétaire ».  Rien que pour cela, Giraud peut revendiquer le qualificatif d’homme très utile !      

Ce qu’il ne revendique pas par contre c’est d’avoir l’âme d’un révolutionnaire. Cela est tout à fait respectable. Il n’empêche que les derniers chapitres de son livre consacrés à sa vision politique laisse poindre, selon moi, un certain déchirement sans doute inconscient entre sa volonté affirmée de « privilégier les voies étatiques » et la prise en compte de la réalité qui veut que « l’exigence des réformes vient toujours de l’extérieur ». A la question « que faire ? » n’envisage-t-il pas très clairement de « déclencher des moments particuliers de soulèvement contre l’impéritie et la corruption des Etats » ?