Etre propriétaire est bien selon moi, un besoin élémentaire de l’être humain, un droit fondamental qui devrait être inscrit dans toute constitution qui se respecte. J’ai toujours personnellement ressenti très négativement le fait d’être locataire, de devoir payer à fonds perdus pour pouvoir me loger. Etre chez soi, se sentir en sécurité, ne pas être à la merci en permanence d’un préavis vous obligeant à déménager, sont des raisons élémentaires justifiant ce désir de propriété. Il me semble profondément caractéristique de la nature humaine, que tant d’économistes cherchent à évacuer de leurs raisonnements.

Etre locataire, c’est subir la loi d’un propriétaire qui, dans certains cas, pense qu’il a des droits sur vous (comme celui d’avoir son propre jeu de clés) ou à qui les services municipaux n’hésitent pas à octroyer un droit de regard sur vos fréquentations. Je n’invente rien, c’est du vécu. Et je ne parle pas des taudis que l’on vous fait visiter au pas de charge ou des abus des agences immobilières facturant des frais imaginaires.

La crise est là pour nous rappeler qu’au-delà de la valeur spéculative d’un bien immobilier, posséder son logement c’est aussi se constituer un patrimoine qui, contrairement à l’épargne par exemple, ne risque pas de fondre au soleil éblouissant des crises financières et bancaires. Mais elle nous rappelle aussi que l’immobilier est un secteur propice aux bulles et que celles-ci sont le fruit des dérèglements d’un système économique qui fait que l’argent se concentre dans les mains de quelques uns, entrainant une inflation tout à fait artificielle. Et c’est là que l’on constate que ce n’est pas seulement le désir d’être propriétaire qui fait monter les prix mais aussi le fonctionnement perverti du secteur financier.

Alors plutôt que de tourner autour du pot en inventant des notions totalement absconses telles que « coûter horriblement cher » ou « coûter "juste" plus cher », les économistes feraient mieux de réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour que tous ceux qui le désirent puissent devenir propriétaires de leurs logements à des conditions raisonnables.