Il y a, à la base, un constat réaliste : « notre vie est confortable » suivi d’un avertissement : « mais si nous roupillons ça ne va pas durer. » Etienne Chouard aurait certes pu préciser, confortable pour la plupart ( ?) d’entre nous. Malgré cet oubli, je partage sa vision des choses : ça ne va pas durer, l’avenir s’annonce plutôt sombre. C’est pour cela que je suis convaincu qu’il faut nous réveiller et bouger pendant qu’il en est encore temps car « la solution ne viendra pas des élus, la solution ne viendra pas de ceux qui ont le pouvoir en ce moment : on n'a jamais vu un ordre de domination rendre les clefs spontanément, ça ne se passera pas comme ça. »

Repenser le fonctionnement de notre société pour faire en sorte que nous évitions les désastres qui s’annoncent et assurer aux citoyens la protection et la justice qui leur sont dues, cela passe par admettre que « la soi-disant "démocratie représentative", c'est un oxymore, une contradiction dans les termes, l'expression démocratie représentative est une escroquerie. » Contrairement à ce qui est généralement proclamé, l’élection n’est pas une procédure démocratique car, par son intermédiaire, nous abandonnons le pouvoir non pas à ceux qui le méritent mais à ceux qui en ont le plus envie ! «Il y a […] mille raisons de refuser le pouvoir à ceux qui le veulent (depuis Platon, on sait qu'ils sont dangereux) et de préférer confier ce pouvoir (sous contrôle) à ceux qui ne le veulent pas. » Ce que nous propose Etienne Chouard c’est « un régime […] aristocratique, qui confierait les pouvoirs aux meilleurs d'entre nous, que nous désignerions librement (sans que les partis puissent fausser nos choix en nous imposant leurs candidats), et que nous surveillerions constamment» Et cette désignation elle passe par le tirage au sort dont Chouard défend le principe depuis longtemps maintenant avec la nécessité pour les citoyens d’écrire une nouvelle constitution, partant du principe – qui pourrait être considéré comme la devise du "Chouardisme" – que  « c'est à nous d'écrire le contrat social, ce n'est pas aux hommes de pouvoir d'écrire les règles du pouvoir »
Je l’ai dit plus haut, l’objet principal du colloque était l’œuvre d’un historien, Henri Guillemin. On ne dira jamais assez l’importance fondamentale de l’Histoire et de son enseignement comme outil d’émancipation et de construction de la citoyenneté. Comme le dit Etienne Chouard : « nous avons tous besoin, pour créer une nouvelle société, de mieux connaître notre histoire ». Et nous avons aussi besoin de gens comme lui pour nous aider à acquérir ces connaissances. Alors professeur, votre livre sur tous ces sujets majeurs, c’est pour quand ?

PS : Je suis assez fier d’être à l’origine du sourire furtif que l’on voit sur la photo de Chouard illustrant cet article. Vous comprendrez pourquoi il sourit –  avant de se reprendre et de redevenir sérieux – à la 21ème minute de la vidéo de son intervention. C’est moi qui suis à l’origine des applaudissements qui déclenchent tout.