« (…) constatant la renaissance des partis politiques dans la France captive, Jean Moulin réfléchissait aux moyens de les associer à la France combattante ; Pierre Brossolette se montrait en revanche hostile à leur égard. (…)

L’inclusion des partis politiques au sein du Conseil de la Résistance constituait [également] un problème. Ce schéma favorisait l’unification de l’armée des ombres et la renaissance d’une vie démocratique, d’autant que de Gaulle s’était engagé à convoquer à Alger une Assemblée consultative. Il aboutissait cependant à priver les mouvements du monopole politique et à remettre en selle des formations discréditées tant par la défaite que par leur inégale participation à la lutte clandestine. (…) le général de Gaulle fut, à la Libération, la première victime des partis dont il avait favorisé la renaissance ! Si de Gaulle, soutenant de son prestige les formations résistantes, s’était appuyé sur elles pour offrir un exutoire politique au gaullisme de guerre, la situation eût peut-être été bien différente. Sur le court terme, l’appui des partis était fondamental pour gagner la bataille de la légitimité ; à moyen terme, elle desservit l’homme du 18 juin, victime en 1946 de formations qu’il avait remises en selle, mais dont son épopée incarnait le discrédit. »

 « Histoire de la résistance 1940-1945 » d’Olivier Wieviorka