Pierre Sarton du Jonchay ou l’art de l’amphigouri
Par RST le vendredi, 1 juin 2012, 18:48 - Polémique - Lien permanent
Il n’y a rien à faire. Je n’y arrive pas. Je le confesse : je ne
peux m’empêcher de consulter régulièrement le blog de Paul Jorion, l’homme qui crée
de l’argent ex-nihilo – il revendique plus de 3000 euros de dons mensuels – en
en niant le principe pourtant communément admis ! Pour ma décharge, je dois préciser que je ne
lis pas vraiment les textes publiés, je ne fais que les survoler. Je parcours surtout
les commentaires qui permettent
de se fendre la gueule de se forger une opinion sur la secte petite
communauté que le gourou belge a réussi à fédérer (comme Roger) et qui lui
assure apparemment de confortables revenus. C’est lors de mon dernier passage
furtif que je suis littéralement tombé sur un texte proprement hallucinant,
intitulé – accrochez-vous bien – "Monétiser la relativité générale
du physique" du dénommé Pierre Sarton du Jonchay alias PSDJ.
Plus que les problèmes évidents de connexions neuronales de l’auteur, récidiviste de ce genre de prose, ce texte révèle surtout l’insanité de notre barbu belge préféré qui n’hésite pas à déclarer, pour se défendre de l’accusation de canular, que la pensée analytique de PSDJ – qui existe vraiment, tient-il à préciser pour ceux qui en douteraient – est, je cite, "sans égale". Heureusement, soit dit en passant, qu’elle est sans égale, un seul spécialiste de l’amphigouri suffisant largement à notre bonheur. Je dois reconnaître néanmoins, au-delà de l’extrême absurdité du propos, un certain style littéraire, que je n’oserai cependant pas qualifier de poésie même surréaliste, à ce mélange aléatoire de mots compliqués qui, bien que provenant de la langue française, donne une fois assemblés, naissance à un idiome totalement incompréhensible pour le profane. Jugez-en plutôt à, travers cet extrait représentatif: « Le risque financier réellement contenu par le capital est la partie imaginaire du prix de la réalité objectivée dans le prix nominal. En théorie financière vraie rationalisée par la morale, le prix objectif est le crédit négocié entre l'acheteur et le vendeur ; la réalisation temporelle du prix dont l'existence est future est définie par la théorisation libre des sujets ; laquelle doit contenir deux possibilités d'écart de prix : premièrement de la théorie à la pratique et deuxièmement du réel présent à la réalité future. Le prix théorique du crédit est garanti en réalisation future par l'imagination numérique d'un capital à quatre dimensions, deux matérielles et deux théoriques. » Et tout le texte est de la même veine !
Le grand éclat de rire auquel on peut se laisser aller initialement, ne
doit pas évacuer le légitime questionnement soulevé par la prose de PSDJ sur le
fonctionnement du cerveau humain et sur les possibilités réelles de communiquer
avec nos semblables. Comment un être humain que l’on supposera doué de raison
peut-il sérieusement considérer un tel charabia digne d’intérêt ? Quels
sont les mécanismes mystérieux mis en branle au sein de son encéphale qui ont
engendré la production de cette suite de signes sans signification ? D’où vient l’herbe qu’il avait fumée ?
Je reconnais que l’incompréhension qui m’habite (à Fleury) me fout la
trouille et, n’étant pas en mesure de philosopher plus en avant, je me
contenterai de conclure en disant qu’à la lecture du texte de notre "consultant
en économie de la décision et en organisation financière" je me suis dit Jean-Paul
(c’est pas mon vrai prénom, c’est un pseudo) il n’y a pas trente six mille possibilités :
l’un de nous deux est fou ! A moins bien sûr que la cosmologie du substrat
analysée à travers la pulsion créatrice du cataphote cystique n’entre en
interférence stellaire avec le biotron calvinien, entraînant ainsi, comme l’a
si bien démontré Garlin Garamond, la cristallisation du thalamus hypertrophié.
Mais c’est une autre histoire dont nous aurons l’occasion de reparler dès que le monsieur à la blouse blanche m'aura détaché.