J’ai déjà mentionné à plusieurs reprises que ma catégorie « Les Second rôles de l’Histoire » ne rendait pas toujours  justice à l’action des personnages qui la composent. S’il y a quelqu’un pour qui cela est flagrant c’est bien Philippe Kieffer. Victime de la mystérieuse sélectivité de la mémoire nationale qui choisit les héros qu’elle glorifie selon des critères dont la pertinence n’est pas toujours évidente, il a de plus été l’objet d’une certaine forme d’ostracisme de la part du Général de Gaulle qui avait besoin d’écrire l’Histoire en minimisant le rôle de tout ce qui n’était pas France Libre afin de donner à cette dernière le maximum d’importance :      

« Tenu par les Alliés à l’écart des préparatifs du Débarquement, le général de Gaulle n’est pas venu saluer les hommes de Kieffer en Normandie durant l’été 1944, lorsqu’il vient restaurer la légalité républicaine à Bayeux. (…). Durant et après le conflit, de Gaulle ne s’est guère exprimé au sujet du Commando Kieffer, excepté à travers les honneurs rendus à quatre fusiliers marins commandos devenus compagnons de la Libération. Après la guerre, de Gaulle n’a jamais souhaité venir en Normandie commémorer la date du 6 juin 1944. En 1964, il refuse d’assister aux commémorations du vingtième anniversaire. De Gaulle n’a jamais voulu faire de cet épisode du Débarquement un évènement central et un combat de la France Libre, rejetant ainsi catégoriquement de la mémoire française libre, le coup d’éclat des « Français du Jour J ». (…) Composé de véritables Français libres et commandé par un Français libre de la première heure, paradoxalement, le Commando Kieffer n’appartient ni à l’histoire, ni à la mémoire de la France Libre. » (Extrait de « Commandant Kieffer, le français du Jour J » par Stéphane Simonnet)

J’espère par ce petit texte participer modestement à faire en sorte qu’il appartienne au moins à l’Histoire de France.