De la faim dans le monde et des chiffres qui en rendent compte
Par RST le mercredi, 27 mai 2015, 19:20 - Macroéconomie - Lien permanent
Les bonnes nouvelles n’étant pas légion, réjouissons-nous – rapidement – d’apprendre, comme le rapporte La Tribune.fr, que le nombre de personnes souffrant de la faim passe sous la barre des 800 millions, pour tout aussitôt déplorer qu’il en reste encore tant, et regretter, malgré l’aspect sans doute secondaire de la chose, que les statistiques en la matière paraissent quelque peu confuses dans leur présentation. En effet, l’article de La Tribune précise que « les individus en situation de sous-alimentation sont désormais 795 millions, alors qu'ils étaient encore 1 milliard en 1990-1992. Ceci représente une réduction de près d'un quart en 25 ans (…) ». Or dans un très bref billet publié en octobre 2009, je rapportais l’information, relevée dans Alternatives Economiques, selon laquelle le cap du milliard de personnes souffrant de la faim serait dépassé en 2009.
A première vue, les deux informations ne sont pas cohérentes car dans un cas la réduction se serait faite dans les 25 dernières années, tandis que dans l’autre elle aurait eu lieu en 5 ans ! Bien qu’intrigué par ce mystère, j’avoue mon peu de motivation initiale à l’idée de devoir passer du temps à creuser un sujet aussi déprimant. Mais heureusement, il y a Les-Crises.fr, le blog remarquable d’olivier Berruyer, qui dans un billet publié en février 2013, a produit le graphique ci-dessous montrant qu’en réalité le pic monstrueux du milliard a été atteint deux fois : une première fois au début des années 90 et une seconde fois fin 2009 suite à l’augmentation des prix alimentaires.
Une partie du mystère ayant été levé, se pose néanmoins la question de savoir pourquoi l’auteur de l’article de La Tribune a-t-il choisit comme référence pour son analyse le premier pic plutôt que le second ? Simple négligence liée à l’incompétence de plus en plus criante des journalistes en général ou volonté surprenante de travestir la réalité ? Afin de ne pas sombrer dans le complotisme, je pencherai pour la première explication.