Cher Nicolas,

Tu as brillamment fait appel, dans la réponse aux accents gaulliens que tu m’as faite, aux plus hautes valeurs morales qui seules permettront de sauver notre pays de la débâcle.
En effet, lorsque tu rappelles que j’ai évoqué,  la nécessité de reprise en main par le politique du secteur financier et la mise « sous tutelle » des banques, tu mets en avant  la nécessaire réponse à la fois morale et technique à la crise financière. Lorsque tu soulignes que j’ai prétendu refuser les plans de sauvetage européens consistant à faire payer par le contribuable les erreurs de leurs dirigeants et des banques, tu soulignes que j’affectais m'intéresser à la cohésion de notre pays tout en me piquant de me préoccuper de l'augmentation de la dette. Je me suis aussi vanté de donner une bouffée d'air pur aux artisans, commerçants, TPE et PME qui sont les forces vives économiques de notre pays.

Lorsque j’exigeais la séparation des banques de dépôt et d'affaires, je reprenais une proposition que tu défends depuis longtemps car elle est techniquement et de l'avis des meilleurs spécialistes, de nature à améliorer les résultats économiques de notre pays. Lorsque j’ai revendiqué me battre en faveur du protectionnisme, cela revenait tout autant à défendre un système de valeurs et promouvoir des standards sociaux et écologiques, qu’à simplement protéger sa propre industrie nationale. On pouvait croire que j’avais compris, comme toi, que seuls des peuples libres et courageux comme le peuple français pouvaient changer le cours de l'Histoire du monde. Je jouais ainsi  à celui qui refuse le nivellement généralisé vers le moins-disant social, économique et environnemental. J’ai bien compris que personne ne gagne rien dans le libre-échange, sauf une toute petite minorité mondialisée et souvent apatride, et je veux en être.

De même, lorsque j’évoquais la nécessité d'une évolution radicale de nos Institutions, je prétendais refuser comme tu l'as toujours sincèrement  fait, le règne de la magouille et je  simulais mon dégoût de la corruption à tous les niveaux de l'Etat, tout en rêvant de toucher moi aussi. Alors, cher couillon - puisque c'est ainsi que nous désignons au PS tous ceux qui ont cru que j’étais sincère et qui ont voté pour ma pomme aux primaires - tu es aujourd'hui face à un choix crucial : la France ou ta gueule.

Je  sais très bien – je  le connais parfaitement – que les concessions de cette couille molle de François Hollande ne sont que de façade, seulement destinées à draguer mes électeurs et à siphonner mon capital sympathie. Je sais très bien qu'il fait partie de ceux qui font depuis 30 ans l'exact contraire de ce que tu défends. Il est d'une autre génération, celle qui a tout échoué. Et s'il me fait les yeux doux aujourd'hui, je sais pertinemment qu'il ne mettra jamais mes idées en application. Mais je m’en cogne car en fait, ce ne sont pas mes idées et surtout : il me nommera ministre, comme ce cloporte d’Eric Besson ! Et ça, ça n’a pas de prix et ne mérite certainement pas que l’on y renonce pour ces veaux de français. Je  sais  combien, violemment trahi par l'UMP en 2007, ils sont désormais fragiles et combien 2012 est la dernière chance pour moi d’obtenir un ministère avant que l’UMPS ne soit balayé par la colère légitime de nos concitoyens. Alors je ne vais pas laisser passer ma chance maintenant que j’en ai l’occasion. Cher Nicolas, j’ai su, pour mon plus grand profit, comprendre les attentes de nos compatriotes. J’avais donc une sacrée carte à jouer : soit suivre un chemin ardu et semé d’embuches conforme à l’honneur et à l’intérêt de la France, et risquer de me retrouver sans boulot en 2012, soit baiser magistralement ceux qui m’ont soutenu pour aller à la soupe et assurer mon avenir ministériel. J’ai donc saisis l’opportunité qui m’a été donnée de soutenir le candidat du système qui a le plus de chance de s’imposer. Un jour, bientôt, je ferai partie de cette nouvelle génération de pourris et de responsables politiques incompétents qui va se rassembler pour balayer la caste qui nous a si mal gouverné depuis 30 ans et prendre sa place.

Tu as raison , le clivage droite/gauche n'a plus aucun sens tant que la France ne possède plus de souveraineté sociale, économique et même politique. Le PS comme l'UMP s'approvisionne aujourd'hui chez le même grossiste, le grossiste mondialiste qui détruit les nations au profit de la finance. Tu as toi aussi toutes tes chances. Ne refais pas deux fois la même erreur. Il est temps de penser à toi. Alors n’hésites pas toi aussi à trahir tes idées – tu verras, c’est facile –- sur  l'autel d'un maroquin et rejoint l’appareil politique qui n'hésitera pas de toute façon à essayer de te faire la peau si tu résistes encore.

Nicolas, la trahison ? Chiche !

PS : je peux glisser un mot à ton sujet à François