Ayant vécu en Pologne au moment de la chute du mur de Berlin, j’ai eu l’occasion de m’intéresser à l’histoire de ce pays et elle est fascinante. Notamment par les parallèles que l’on peut faire avec celle de la France. Si notre beau pays a pu, en dépit de la défaite, se retrouver dans le camp des vainqueurs, il le doit principalement – sinon exclusivement – au fait qu’il a été libéré par le Américains et grâce à l’attitude intransigeante du Général de Gaulle qui a obtenu des alliés que l’on tienne compte de la France. La Pologne, elle a été "libérée" par les russes et celui qui aurait pu jouer le même rôle que De Gaulle est mort prématurément. Ce sont ces deux facteurs qui ont fait que les Polonais, après avoir combattu bravement sur tous les fronts, ont ensuite subit 45 ans de chape de plomb pendant que les français, qui n’avaient pas été spécialement plus méritants, profitaient des trente glorieuses.

Mais revenons à Sikorski et à ce qu’en dit l’historien britannique Norman Davies dans son ouvrage de référence, « Histoire de la Pologne » : « Parlementariste déclaré, libéral par inclination, auteur distingué et personnage de stature internationale, on pouvait dire de lui comme pour Churchill (…), qu’il était l’"homme du destin". Passionnément attaché à l’indépendance de son pays, il était au dessus de la politique politicienne et du dogmatisme idéologique rigide. Il désirait ardemment une Pologne meilleure après la guerre, une Pologne plus en sécurité, plus prospère, plus équitable pour ses propres enfants (…)  »  Et plus loin : « (…) Churchill, Sikorski et de Gaulle étaient ainsi les seul chefs alliés qui continuassent le combat »     

On connaît la fin de l’histoire et la manière dont la Pologne fut abandonnée à son triste sort : « Mis à part le très menu fretin comme les dirigeants des Etats baltes, de la Norvège et de la Hollande, le général de Gaulle fut sans doute la seule personnalité qui resta fidèle à ses amis polonais dans le Londres de la guerre. Les Français libres avaient bien des points communs avec le gouvernement polonais et les mêmes bonnes raisons de mépriser les machinations des Trois Grands. Seulement, bien qu’exclus des délibérations qui décidaient de leur avenir, ils eurent au moins la satisfaction de rentrer chez eux en triomphateurs à la fin de la guerre. C’est que la France fut libérée par Montgomery et Patton, non pas par Joukov et Rokossowski »    

A quoi tient le destin des nations : à un accident d’avion ! Quel aurait été le notre si De Gaulle avait disparu prématurément ?