A moins que d’ici là, les peuples ne se réveillent, décident que tout cela a assez duré et refusent de se laisser réduire en esclavage par la dette. Car en réalité, c’est bien de cela dont il s’agit.  Dans un article remarquable de Michael Hudson traduit sur www.legrandsoir.info, l’auteur analyse les rapports de force entre finance et démocratie et comment la dette a été depuis la nuit des temps un instrument de conquête et de conservation du pouvoir : « La finance internationale est devenue le fer de lance d’un nouveau type de guerre. Son objectif est le même que la conquête militaire d’autrefois : s’approprier la terre et les ressources minières, ainsi que les infrastructures communales et les revenus de l’extraction ». Allons-nous connaitre le même sort que celui de l’Empire Romain dont la chute « montre ce qui arrive quand les exigences des créanciers ne sont pas contrecarrées. En effet, la seule alternative à la planification et la régulation étatique du secteur financier est l’esclavage de la dette. » ?   Ou allons-nous réagir ? : « Le refus de prendre les opinions publiques en considération laisse les dettes nationales sans solide garantie politique ni même légale. En face d’une forte opposition populaire, des dettes imposées par décret, par des gouvernements ou par des agences financières étrangères peuvent se révéler aussi fragiles que celles des Habsbourg et autres despotes des temps passés. N’ayant pas été validées par le peuple, elles peuvent devenir caduques en même temps que le régime que les a contractées. De nouveaux gouvernements peuvent agir de manière démocratique et obliger le secteur bancaire et financier à servir l’économie au lieu du contraire. »

Et réagir ne semble pas si compliqué en fin de compte à en croire notre ami Yann du Blog Le Bon dosage pour qui la crise est tout simplement … artificielle : « La dette, l'inflation, les marchés ne sont des problèmes que pour les peuples qui n'existent pas en tant que peuple. Un peu de courage collectif et l'avenir sera brillant. » Son texte a vivement fait réagir le dénommé Etienne qui a posté un long commentaire fort intéressant dans lequel il reproche à Yann sa naïveté. Car nous dit-il en écho au texte de M. Hudson  «La crise n'est pas le fruit de "modes de vie et de pensée", mais le résultat de rapports sociaux qui font face à des contradictions intrinsèques. Il est donc parfaitement illusoire d'affirmer d'une part que "au final la crise n'est pas grave"  et que d'autre part "la crise se résoudra d'elle-même" au nom d'un deus ex machina qui viendrait rendre aux peuples la conscience hypothétique qu'ils ont d'eux-mêmes. Bien au contraire, la crise est très grave car elle est proprement endogène, et du fait que rien n'indique de quelle façon elle se résoudra: cela peut être de la pire façon, comme l'histoire l'a montré, par la résurgence des nationalismes, la guerre civile, l’instauration de régimes autocratiques... »  Et, toujours selon Etienne, la révolution n’est hélas pas pour demain : « L'aspiration à des transformations sociales radicales ne survient qu'au moment où les gens qui désespèrent du système deviennent massivement plus nombreux que ceux qui croient trouver un avantage incertain à sa pérennité. Or la crise actuelle, du fait des filets de sécurité sociaux multiples issus des 30 glorieuses, ne se fait pas ressentir immédiatement et brutalement sur la majorité de l'électorat (…) avant que nous formions une majorité trouvant un débouché politique concret, il faudra du temps, et hélas, une aggravation de la crise. »

Si il est de plus en plus difficile d’avoir des certitudes, une chose cependant est quasiment assurée : la multiplication des sommets dits de la dernière chance n’empêchera pas la crise de s’aggraver.