Le Musée de la fausse monnaie et des faux monnayeurs
Par RST le jeudi, 8 décembre 2011, 19:01 - Divers - Lien permanent
Quand on manifeste comme moi, un intérêt certain pour la création monétaire et tout ce qui s’y rapporte, on ne peut pas passer à côté de ce petit musée extraordinaire situé à Marcellaz Albanais à 10 km d'Annecy, sans lui payer une visite. Dans environ 100 m², le taulier, Christian Porcheron, a réuni une collection impressionnante de pièces et de billets mais aussi d’objets d’époque consacrés au faux monnayage et aux faux monnayeurs du 18ème, 19ème et 20ème siècle. Au-delà de l’exposition elle-même et du soin avec lequel les objets sont présentés et véritablement mis en scène, ce qui fait tout l’intérêt de ce musée très particulier ce sont la passion et la verve avec lesquelles Christian Porcheron vous accompagne à la découverte des vitrines.
Si vous faites la visite "au pas de course", selon les propres termes du guide, comptez quand même environ 2 heures pour faire le tour ! Mais si vous avez plus de temps, il n’hésitera pas à vous faire partager plus amplement ses immenses connaissances et cela peut durer au-delà de 4 h comme il nous l’a avoué dans un sourire. Vous découvrirez, ce dont vous vous doutiez surement déjà, à savoir que l’inventivité et la créativité humaines n’ont pas de limites, en admirant des faux "faux billets" destinés à berner les collectionneurs peu avertis ou des contrefaçons réalisées à la main, véritables œuvres d’art. Ceux qui sont un tant soit peu familier avec l’histoire du système monétaire et bancaire, contempleront avec intérêt les faux billets datant de l’époque de John Law à qui l’on doit l'introduction du billet de banque en France. Quelle que soit la raison qui vous fera pousser la porte, vous en ressortirez enchanté mais aussi songeur en pensant à tout ce que Christian Porcheron avoue avoir encore en réserve. Comme par exemple les faux euros. Ils ne sont pas exposés aux yeux du public mais je lui fais confiance : il aura tout ce qu’il faut pour créer une vitrine spéciale le jour, pas forcément lointain, où nous retrouverons notre souveraineté monétaire et où l’euro deviendra une antiquité recherchée par les collectionneurs, après avoir été l’instrument de tous nos malheurs! Mais si l’euro a bien des défauts, le passage à la monnaie unique aura au moins eu le mérite de permettre à ce musée de voir le jour, en autorisant l’exposition de fausses coupures en bon vieux francs, alors que leur simple détention était, jusqu’à l’abandon de notre devise nationale, considérée comme un délit durement réprimé par la loi. Et de fait, l’une des choses que l’on constate en visitant ce musée, c’est que la loi ne badine pas avec les faux monnayeurs. En effet, l’Histoire nous apprend qu’il fut parfois plus dangereux en terme de conséquence juridique, d’imprimer des faux billets que de tuer un homme. Et dans ce domaine la parité n’était pas plus en vigueur qu’ailleurs puisque être une femme était considérée comme une circonstance aggravante empirant les sanctions !
Il ne manque qu’une chose en fait à ce musée pour être vraiment complet : une vitrine consacrée aux banquiers, ces faux monnayeurs modernes dénoncés par Maurice Allais : « Dans son essence, la création monétaire ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique, je n'hésite pas à le dire pour bien faire comprendre ce qui est réellement en cause, à la création de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement condamnée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents. »